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quelques serviteurs de l’hospice. Les résultats prouvèrent qu’ils ne se trompaient pas ; car ils avaient à peine hasardé cette conjecture, qu’on vit, au milieu de la neige, déboucher, de la gorge sur la montagne, le long du sentier qui conduisait à la hutte une société qui avait le père Xavier en tête.

L’explication fut brève et naturelle ; après avoir conduit les voyageurs à l’abri et avoir passé une partie de la nuit dans leur compagnie, à rapproche de l’aurore, Uberto était retourné au couvent, toujours accompagné par son ami Neptune. Là, il communiqua aux moines, par des signes qu’ils étaient habitués à entendre, qu’il y avait des voyageurs sur la montagne. Le bon quêteur savait que le baron de Willading était sur le point de traverser le défilé avec ses amis, car il s’était rendu en toute hâte au couvent, afin de les recevoir, et présageait qu’ils avaient été surpris par la tempête de la nuit précédente : il s’était joint promptement aux serviteurs qu’on avait envoyés à leur secours. Le petit flacon attaché au cou d’Uherto ne laissait point de doute qu’on avait fait usage de son contenu ; il n’y avait rien de plus probable que les voyageurs chercheraient un abri et les pas du père Xavier se dirigèrent donc naturellement vers la hutte.

Le digne quêteur fit cette explication avec des yeux humides, et s’interrompait de temps en temps pour murmurer une prière d’actions de grâces. Il passait de l’un à l’autre, ne négligeant pas même les muletiers, examinant leurs membres, et plus particulièrement leurs oreilles, pour s’assurer si elles avaient échappé à la gelée, et ne parut tout à fait heureux que lorsqu’il se fut assuré par ses propres observations que le terrible danger qu’ils avaient couru n’aurait point de conséquences funestes.

— Nous sommes habitués à voir beaucoup d’accidents de cette nature, dit-il en souriant, lorsque l’examen fut terminé à sa satisfaction, et la pratique nous a rendu le coup d’œil prompt. Que la vierge Marie soit bénie, ainsi que son divin fils, pour vous avoir protégés pendant une nuit si terrible ! Il y a un déjeuner chaud tout prêt dans la cuisine du couvent, et, lorsque nous aurons rempli un devoir solennel, nous monterons la montagne afin d’en profiter. Le petit bâtiment qui est près de nous est le dernier asile terrestre de ceux qui périssent de ce côté de la montagne, et dont les restes ne sont pas réclamés ; aucun de nos moines ne passe dans ce lieu sans offrir à Dieu une prière pour le salut de leur âme. Agenouillez-vous avec moi, vous qui avez