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mais dans une telle nuit, son abri devenait le plus grand des bienfaits. Ce bâtiment n’avait qu’une issue ; quatre murs et un toit en formaient toute la construction ; mais il était assez spacieux pour recevoir une troupe deux fois aussi nombreuse que celle qui venait d’y entrer.

La seule transition du froid perçant et des vents glacés de la montagne, à l’abri du toit protecteur, fut assez forte pour produire sur tous les voyageurs une sensation qui ressemblait à de la chaleur ; des frictions et des cordiaux appliqués avec discernement sous la direction de Pierre, améliorèrent encore leur état. Le collier d’Uberto était garni d’une petite provision de ces derniers. Une demi-heure était à peine écoulée, qu’Adelheid et Christine dormaient paisiblement l’une à côté de l’autre, enveloppées dans tous les vêtements qu’on avait pu réunir, et la tête appuyée sur les housses des mules. Comme on ne monte jamais le Saint-Bernard sans porter avec soi tout ce qui est nécessaire pour les bêtes de somme, ce pays stérile n’offrant aucune ressource, le bois même étant transporté de plusieurs lieues sur le dos des mules, celles de nos voyageurs furent emmenées dans le refuge, et ces animaux, aussi patients que courageux, y trouvèrent aussi le dédommagement des fatigues et des souffrances de la journée. La présence de tant d’êtres vivants dans un lieu assez resserré y produisit une chaleur suffisante, et après avoir partagé le repas exigu qu’ils devaient à la prévoyance du guide, ils se livrèrent au sommeil dont ils avaient un si grand besoin.

CHAPITRE XXIV.


L’un à côté de l’autre, ils reposent là ; c’est une triste compagnie.
Rogers.



Le sommeil de ceux qui sont fatigués est doux. Plus tard lorsque Adelheid habita des palais, qu’elle reposa sur le duvet, abritée par de riches étoffes, dans un climat plus généreux, on l’entendit souvent dire qu’elle n’avait jamais si paisiblement dormi que dans le refuge du mont Saint-Bernard. Ce sommeil