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l’honnête Peterchen, car les heures s’avançaient, et les fréquentes libations dans les intervalles des cérémonies l’auraient rendu capable de prendre même un vol plus élevé, si la circonstance et l’auditoire lui avaient permis de déployer toute la puissance de son éloquence.

— Nous avons passé une heureuse journée, mes amis, dit-il les diverses scènes qui ont frappé nos regards ont dû rappeler à chacun de nous la puissance de Dieu, nos fragiles et criminels penchants, et surtout nos devoirs envers le conseil. Les symboles de fertilité et d’abondance nous font souvenir de la bonté de la nature, qui est un don de la Providence. Les différentes petites fautes, inévitables peut-être dans les parties les plus délicates de la représentation, — et je ferai ici une mention particulière de la honteuse ivresse d’Antoine Giraud, qui s’était si imprudemment chargé du rôle de Silène, comme d’un sujet qui mérite toute votre attention, car il est plein d’instruction pour tous ces coquins qui font un trop fréquent usage des dons de Bacchus ; — dans ces fautes, dis-je, nous trouvons l’image de nos terribles imperfections tandis que l’ordre, qui a régné en général, et la parfaite obéissance de tous les subordonnés nous offrent un modèle de la beauté d’une police exacte et vigilante, et d’une société bien gouvernée. Ainsi vous voyez que, malgré l’apparence, toute cette pompe païenne renferme une morale chrétienne. Que Dieu nous fasse la grâce d’oublier la première, et de nous souvenir de la dernière, qui convient mieux à nos mœurs et à notre commune patrie ! Maintenant qu’il ne faut plus penser aux divinités ni à leurs légendes, — à l’exception de ce Silène dont la mauvaise conduite, je vous le promets ne passera pas sous silence, — nous accorderons quelque attention aux affaires des mortels. Le mariage est honorable aux yeux de Dieu et des hommes ; et si je n’ai jamais eu le loisir d’entrer moi-même dans ce saint état, retenu comme j’ai été par une foule de raisons, mais surtout par les liens qui m’attachent à la république, à laquelle nous devons tout autant et même plus de dévouement que la plus fidèle des femmes n’en doit à son mari, je ne voudrais cependant pas que vous pussiez douter de ma haute vénération pour le mariage. J’atteste au contraire que je n’ai rien vu, dans ce jour mémorable, avec plus de satisfaction que l’union qui va être sanctionnée par nous d’une manière convenable à l’importance de cette solennité.