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l’instant le bailli et son étrange érudition, dans le désir d’examiner ceux qui s’approchaient.

La partie la plus classique des cérémonies s’observait alors méthodiquement. Le conseil de l’abbaye avait eu l’intention de terminer ce spectacle d’une manière plus intelligible pour la masse des spectateurs que ce qui venait d’être représenté, puisque cela s’adressait aux sympathies et aux habitudes des différents peuples dans toutes les conditions de la société. C’était ce spectacle qui captivait toute l’attention de Sigismond ; on l’appelait la procession des noces ; et elle s’avançait lentement pour occuper l’espace laissé vacant par la retraite d’Antoine Giraud et de ses compagnons.

Comme à l’ordinaire, la musique marchait en tête, jouant un air vif depuis longtemps en usage dans les fêtes de l’hymen. Le seigneur du manoir, ou, comme on appelait alors un tel personnage, le baron, ouvrait la marche avec sa femme, revêtus l’un et l’autre des riches costumes du temps. Six couples déjà mariés, et représentant le bonheur dans la vie conjugale, suivaient le noble baron et sa moitié ; on voyait parmi eux des époux à la fleur de l’âge, et d’autres déjà plus avancés dans la carrière du mariage, car la mère portait dans ses bras un enfant à la mamelle. On voyait ensuite une portion de maison représentant l’intérieur de l’économie domestique ; elle avait sa cuisine, ses ustensiles, et la plupart des objets qui composent le mobilier d’un humble ménage. Dans l’intérieur de cette maison, une femme tournait le rouet, et une autre était occupée à faire le pain. Un notaire portait un registre sous son bras, son chapeau d’une main et, revêtu d’un costume exagéré de sa profession, était placé derrière les deux ménagères industrieuses. Il fut salué par un rire général, car les spectateurs montraient un goût particulier pour cette caricature. Mais ce subit accès de gaieté fit promptement place à la curiosité qu’excitaient la fiancée et son futur mari, placés l’un et l’autre près de l’homme de loi. On savait que les deux personnes n’étaient point acteurs simulés, mais que l’abbaye avait cherché un couple qui consentît à accomplir les cérémonies du mariage à l’occasion de ce grand jubilé, afin de lui prêter une apparence plus réelle de cette joie naturelle qui est l’ornement de toute fête. Une telle recherche avait excité une grande curiosité dans tous les environs de Vevey ; beaucoup de conditions avaient été proclamées comme nécessaires aux candidats : telles que la