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baye, et les vendangeurs, objets réels de la fête. Ceux qui labourent au printemps ouvraient la marche ; les hommes portaient des pieux, des bêches ; les femmes, des paniers pour contenir le produit des vignes. Puis venait un groupe portant des hottes chargées de raisin noir et blanc d’une grande beauté, et des jeunes gens soutenant sur leurs têtes des douves sur lesquelles étaient rangés tous les divers ustensiles, en miniature, dont on fait usage pour la culture de la vigne, et les vaisseaux divers qui reçoivent le jus de la treille. Un grand nombre d’hommes, portant la forge qui fabrique ces différents instruments, terminait cette procession. Ils eurent aussi leurs chansons et leur danse, et tout disparut à un signal donné par la musique de Bacchus. Comme nous touchons à la partie la plus soignée de la représentation, nous saisissons ce moment d’intervalle nécessaire à tout spectacle, afin de respirer nous-mêmes.

CHAPITRE XV.


Oh, mur, mur chéri, qui sépare la maison de son père de la mienne ! mur charmant ! que je voudrais revoir tes crevasses, pour y placer encore mon œil curieux.
Songe d’une nuit d’été.



Sur ma vie, cela va fort bien, frère Pierre, s’écria le baron de Willading en suivant les vendangeurs dans leur retraite. Si nous en avons beaucoup encore dans ce genre, j’oublierai la dignité du Burgerschaft, et je deviendrai acteur comme les autres, au risque de perdre ma réputation de sagesse.

— Il vaut mieux dire cela entre nous que de le mettre à exécution devant des yeux vulgaires, honorable Melchior. Si ces Vaudois pouvaient se vanter qu’un noble aussi estimé dans Berne s’est ainsi oublié devant eux, cela produirait un fort mauvais effet !

— Pas du tout ! Ne sommes-nous pas ici pour être gais, pour rire, et faire toutes les folies qui nous passeront par la tête ? Fais trêve à ta défiance officielle et à ta surabondance de dignité,