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tout autour de la place, afin de passer tout entière devant le bailli.

Le premier corps était composé du conseil de l’abbaye, et conduit par les bergers et les jardiniers. Un individu, dans un costume antique et portant une hallebarde, jouait le rôle d’un maréchal. Il était suivi par les deux vignerons couronnés, après lesquels venaient l’abbé et ses conseillers, et un groupe nombreux de bergers et de bergères, ainsi qu’un autre non moins nombreux de jardiniers et de jardinières, tous revêtus d’un costume en rapport avec les traditions de leurs états respectifs.

Le maréchal et les officiers de l’abbaye marchèrent doucement, avec la gravité et le décorum qui convenait à leur position, s’arrêtant de temps à autre pour les évolutions de ceux dont ils étaient suivis, car les acteurs commençaient à désirer ardemment de jouer leur rôle. De jeunes bergères s’avancèrent alors, revêtues de frais costumes bleus et blancs, tenant à la main leur houlette ; elles se mirent à danser en chantant des chansons dans lesquelles elles imitaient le bêlement de leurs troupeaux et tous les autres sons familiers aux pâturages élevés de ce pays. Elles furent bientôt rejointes par un nombre égal de jeunes bergers, chantant aussi leurs pastorales, charmant groupe de danseurs habitués à exercer leur art sur le sommet des Alpes ; car, dans cette fête, quoique nous ayons donné à tous le nom d’acteurs, ce mot ne convient pas dans son acception littérale, puisque, à quelques exceptions près, chacun représentait l’état qui formait ses occupations journalières. Nous ne dirons rien de plus de ce groupe, sinon qu’il offrait un contraste moins frappant avec les habitudes de ceux qui gardaient les troupeaux que la réalité ne nous le montre habituellement, et que leur bruyante gaieté, leurs visages frais et leurs mouvements continuels, formaient une heureuse introduction aux danses qui allaient succéder.

Les jardiniers parurent avec leurs tabliers, portant des bêches, des râteaux, et autres instruments de leur état. Les femmes portaient sur leur tête des corbeilles de fleurs, de légumes et de fruits. Lorsqu’ils furent en face du bailli, les jeunes gens formèrent une espèce de faisceau de leurs divers instruments, et les jeunes filles déposèrent leurs corbeilles en cercle à ses pieds ; puis, se prenant par la main, ils dansèrent une ronde en chantant.