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n’avez pas souvent assisté au conseil ! répondit-il d’une manière évasive.

— Depuis les pertes cruelles que j’ai faites, et dont vous avez sans doute entendu parler, les soins que j’ai donnés au seul enfant qui me reste ont été ma plus douce et ma principale occupation. Je ne sais pas si la vue fréquente de la mort frappant des êtres si tendrement chéris a attendri mon cœur en faveur des moines augustins, mais je pense qu’ils mènent la vie la plus sainte et la plus dévouée.

— Vous avez sans doute raison, noble Melchior, et nous allons laisser voir la vénération que nous inspire leur sainteté. Holà, monsieur l’officier, rendez-nous le service de faire approcher plus près ce révérend moine de Saint-Bernard : que le peuple puisse apprendre l’estime que nous faisons de la patiente charité et de l’inépuisable bienfaisance de son ordre ! Comme vous aurez occasion de passer une nuit sous le toit du couvent, Herr Von Willading, dans votre voyage en Italie, ces attentions envers l’honnête quêteur ne seront pas perdues pour vous, si toutefois ces moines ont un respect convenable pour les usages.

Le père Xavier prit cette place d’honneur qui le rapprochait du bailli, avec une simplicité qui prouvait que dans sa pensée cet honneur était rendu plutôt à la confrérie dont il était membre, qu’à lui-même. Cette petite disposition faite, et les autres préliminaires observés, le bailli sembla satisfait de ces arrangements et de lui-même.

Le lecteur peut s’imaginer l’impatience de la foule, l’importance des maîtres de cérémonie chargés de diriger la procession, le mélange de lassitude et de curiosité des spectateurs, tandis que les parties compliquées et nombreuses d’un tel spectacle se plaçaient dans l’ordre convenu. Comme les cérémonies qui vont suivre ont un caractère particulier, et sont intimement liées avec les événements de cette histoire, nous les décrirons avec quelque détail, quoique la tâche que nous nous sommes imposée soit moins la peinture de localités, ou la description de scènes d’une antiquité réelle ou douteuse, que l’exposition d’un principe et d’une morale salutaire qu’on a toujours reconnus dans nos travaux, du moins nous aimons à nous le persuader.

Un peu avant le commencement des cérémonies, une garde d’honneur, composée de bergers, de jardiniers, de faucheurs, de vignerons, de vendangeurs, escortés de hallebardiers et conduits