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cution de ses décrets sentirent la nécessité d’être prompts, sous peine de perdre une partie intéressante du spectacle. Grâce à cette nouvelle impulsion, qui, si elle n’était pas aussi respectable, était tout aussi forte que le désir de bien faire, les perturbateurs du repos public, et même ceux qui avaient montré un caractère querelleur en s’accusant les uns les autres de mensonge, furent emmenés en corps ; et le public goûta les joies du jour avec cette tranquillité que, dans ces temps périlleux de révolution et de changement, on juge si nécessaire à sa dignité, si favorable au commerce, et si commode pour ceux dont le devoir est de conserver la paix publique avec aussi peu d’inconvénients pour eux-mêmes que possible.

Une fanfare de trompettes devint le signal d’un mouvement plus général, car il annonça le commencement des cérémonies. Comme il sera plus tard nécessaire de parler des différentes déités qui furent représentées dans cette occasion, nous dirons seulement maintenant que des groupes d’acteurs vinrent alternativement sur la place, se rendant, au son de la musique, des différents points du rendez-vous au centre commun.

Les gradins commencèrent à se remplir des privilégiés, parmi lesquels beaucoup appartenaient à la haute aristocratie du canton ; d’autres étaient des fonctionnaires trop élevés en dignité pour jouer d’autre rôle que celui de spectateurs complaisants. On y voyait des seigneurs de France et d’Italie, quelques voyageurs d’Angleterre (car, dans ce siècle, l’Angleterre était regardée comme une contrée éloignée, et elle n’envoyait que quelques personnages d’élite pour la représenter dans de semblables occasions), tous ceux des territoires voisins qui avaient du temps à perdre et de l’argent à dépenser, et qui par leur rang ou par leurs places avaient droit aux distinctions, ainsi que les femmes et les enfants des fonctionnaires de la ville qui étaient engagés comme acteurs dans la représentation. Vers ce temps, les différentes parties de la procession étaient rassemblées dans la place ; tous les siéges de l’estrade étaient occupés, à l’exception de ceux qui étaient réservés pour le bailli et ses amis intimes.