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favorable pour recevoir d’agréables impressions, car leur visage était rempli de ce bonheur tranquille qui succède à un plaisir subit. Adelheid avait pleuré ; mais, à en juger par l’éclat de ses yeux, la fraîcheur de ses joues, et le sourire qui effleurait ses lèvres purpurines, ses larmes avaient été plus douces que pénibles. Bien que sa santé fût encore assez faible pour éveiller l’attention de ceux qui l’aimaient, il y avait dans sa personne un changement assez sensible pour frapper ceux qui avaient l’habitude de vivre avec la jeune malade.

— Si ceux qui traversent les Alpes cherchent un air pur et doux, un soleil chaud, des paysages ravissants, dit Adelheid après avoir contemplé pendant quelque temps ce magnifique panorama, pourquoi les Suisses quitteraient-ils leur patrie, mon bon père ? y a-t-il en Italie quelque chose de plus doux, de plus délicieux, de plus sain que ceci ?

— Ce lieu a souvent été appelé l’Italie de nos montagnes. La figue mûrit près du village de Montreux ; et ce pays, ouvert au soleil du matin, tandis qu’il est abrité par les précipices au-dessus de notre tête, mérite bien son heureuse réputation. Cependant ceux qui ont besoin de distraction, et dont la santé requiert des soins, préfèrent généralement aller dans des pays où l’esprit est plus occupé, et dans lesquels une plus grande variété d’amusements aide la nature à compléter la guérison.

— Mais tu oublies, mon père, qu’il est convenu entre nous que je vais devenir forte, active, riante, comme je l’étais à Willading il y a quelque temps.

— Si je pouvais revoir de nouveau ce temps, mes derniers jours seraient aussi calmes que ceux d’un saint, quoique, Dieu le sait, sous aucun autre rapport, je n’aie de prétention au caractère d’un saint.

— Ne comptez-vous pour rien une conscience paisible et l’espérance, mon père ?

— Comme tu voudras, ma fille ; fais de moi un saint, un évêque ou un ermite, comme il te plaira ; la seule récompense que je demande est de te voir riante et heureuse, comme tu l’as toujours été pendant les dix-huit premières années de ta vie. Si j’avais pu prévoir que tu serais revenue de chez ma sœur si différente de toi-même, je me serais opposé à cette visite, bien que je l’aime, ainsi que tout ce qui lui appartient ; mais les plus sages d’entre nous sont de faibles mortels, et nous connaissons à peine