Vaud. Ils se tenaient encore l’un l’autre d’une main raidie par la mort.
CHAPITRE VIII.
n avait aperçu le Winkelried de Vevey pendant toute l’après-midi
et la soirée. L’arrivée du baron de Willading était attendue
impatiemment par plusieurs personnes de la ville. Son rang et
son influence dans le grand canton le rendaient un objet de curiosité,
même pour ceux qui n’étaient point liés avec lui de cette
affection qu’inspiraient ses éminentes qualités. Roger de Blonay
n’était pas le seul ami de sa jeunesse ; il y avait un autre habitant
de Vevey, avec lequel il était intime par habitude, sinon par cette
sympathie de principes qui est ordinairement le meilleur ciment
de l’amitié.
L’officier civil chargé de la surintendance spéciale des districts ou cercles qui divisent le pays de Vaud, est appelé bailli, titre que le mot anglais bailiff rend à peine, excepté en ce qu’il signifie aussi un substitut dans l’exercice d’une fonction qui est la propriété d’un autre. Le bailli de Vevey, Peter Hofmeister, appartenait à une de ces familles de l’aristocratie bourgeoise du canton, qui trouvent les institutions de leur pays respectables et presque sacrées, parce que, grâce à leur charge, elles sont en possession de certains priviléges exclusifs, non seulement agréables, mais avantageux. Ce Peter Hofmeister était néanmoins un brave homme bien intentionné, mais convaincu dans le secret de sa conscience que tout n’allait pas parfaitement droit ; il professait donc au sujet des intérêts lésés, ou sur la stabilité des affaires temporelles, des opinions extrêmes, à peu près par le même principe qu’un ingénieur met tout son art à fortifier les points les plus