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— Vois-tu, mon bon Dietrich, cette égalité est une chose dont on parle beaucoup, mais que l’on comprend très-peu. Écoute bien ; prête-moi l’oreille pendant quelques minutes, et tu vas sentir comme moi qu’il n’y a rien de plus juste. Nous voici nous deux, habitants de petites villes, nés avec tous les droits ainsi qu’avec les besoins de ceux qui demeurent dans les grandes capitales ; ne sommes-nous pas des hommes, pour que nous ne jouissions pas de nos privilèges ? — ou bien ne sommes-nous pas mortels, pour que l’air ne nous soit pas nécessaire pour respirer ? Je pense que tu ne nieras ni l’une ni l’autre de ces vérités ?

— Il faudrait être un âne pour les nier.

— Ce point une fois, bien établi, il ne reste donc plus qu’à tirer la conclusion. Si nous avons les mêmes droits que les plus grandes villes de l’empire, il doit nous être permis d’en jouir ; autrement la logique n’est qu’une dérision, et un privilège municipal n’a pas plus de valeur que le serment d’un serf.

— C’est clair comme le jour, et je voudrais bien voir qui pourrait soutenir le contraire ! Et que dit-on des villages, mon bourgmestre ? pensez-vous qu’ils nous soutiennent dans cette sainte entreprise ?

— Il ne s’agit point des villages, mon bon ami, puisqu’ils n’ont ni bourgmestres ni bourgeois ; et quand il y a si peu de moyens de soutenir une cause, quelle peut être la résistance ? Il s’agit surtout de nous, et des villes en état de se montrer ; position si claire et si précise qu’il y aurait une faiblesse d’esprit manifeste à la confondre avec une autre. Celui qui a la justice de son côté serait fou d’aller se liguer avec quelqu’un dont les droits sont douteux. Tout le monde, vois-tu, à ses avantages naturels et sacrés ; mais le meilleur et le plus sûr, c’est d’avoir la force et la richesse de son côté.

— Oh ! de grâce, très-respectable Heinrich, si vous m’aimez, accordez-moi une toute petite faveur, une seule !

— Parle, honnête forgeron.

— Permettez-moi de répéter tout cela à nos bourgeois. — Tant de réflexions sages, de conclusions évidentes, ne doivent pas être jetées au vent !

— Tu sais que mes discours ne sont pas dictés par un vain désir d’applaudissements.

— Par les os de mon père ! je n’en parlerai qu’avec discrétion,