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le passé, et l’avarice des Israélites y contribue, afin d’y gagner davantage.

— J’ai vu dernièrement sur le Rialto, Signore, des visages qui annoncent des bourses vides. Les chrétiens ont l’air d’être inquiets et dans le besoin, tandis que les mécréants portent leur souquenille avec plus d’aisance qu’à l’ordinaire.

— On s’y attendait. Nomme-t-on ouvertement quelques-uns des Israélites qui ont l’habitude de prêter avec usure aux jeunes nobles ?

— Tous ceux qui ont eu quelque chose à prêter peuvent être rangés dans cette classe : toute la synagogue, tous les rabbins sont du même avis lorsqu’il s’agit de la bourse d’un chrétien.

— Tu n’aimes pas les Hébreux, Jacopo ; mais ils servent la république dans ses moments de détresse. Nous comptons parmi nos amis tous ceux qui sont prêts à nous donner leur or au besoin. Cependant les jeunes nobles de Venise ne doivent pas être abandonnés à leur spéculation ; et si tu entends dire qu’un jeune homme de bonne maison soit tombé sous leurs griffes, tu feras bien de le faire aussitôt connaître aux protecteurs de l’intérêt public. Nous devons agir délicatement avec ceux qui soutiennent le gouvernement, mais nous ne devons pas non plus abandonner ceux qui sous peu en feront partie. As-tu quelque chose à me dire sur cet article ?

— J’ai entendu dire que le signor Giacomo était celui qui payait le plus cher leurs faveurs.

— Jésus Maria ! mon fils, mon héritier ! Ne me trompes-tu pas jeune homme, afin de satisfaire ton antipathie contre les juifs ?

— Je n’ai contre cette race, Signore, que le dégoût bien naturel qu’elle inspire aux chrétiens ; cela est bien permis à un bon catholique : mais je ne hais personne. Il est reconnu que votre fils dispose très-libéralement de ses espérances, à un prix que sa grande fortune devrait lui interdire.

— Voilà une révélation importante ! Le jeune homme doit être promptement averti des conséquences, et j’aurai soin qu’il ait à l’avenir plus de discrétion. Le juif sera puni, et, comme avertissement solennel à toute sa tribu, la dette sera confisquée au profit de l’emprunteur. Avec un tel exemple devant les yeux, les coquins seront moins prompts à prêter leurs sequins. Grand saint Théodore ! ce serait un véritable suicide que de permettre qu’un