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avoir peu de penchant à céder aux désirs du sénat, en disposant de ses affections et de ses devoirs ?

Gelsomina leva les yeux sur elle : mais il était évident qu’elle n’entendait pas bien cette question. Violetta regarda encore sa gouvernante, comme pour l’appeler à son aide.

— Les devoirs de notre sexe sont souvent pénibles, dit donna Florinda, un instinct féminin lui faisant comprendre le regard de Violetta. Notre attachement peut ne pas toujours s’accorder avec les désirs de nos amis. Il ne nous est pas permis de choisir, mais nous ne pouvons pas toujours obéir.

— J’ai entendu dire qu’on ne permet pas aux nobles demoiselles de voir ceux qu’elles doivent épouser ; c’est là sans doute ce que vous voulez dire, Signora ; et cette coutume m’a toujours paru injuste, sinon cruelle.

— Est-il permis aux femmes de ta classe de se faire des amis parmi ceux qui peuvent leur devenir plus chers dans un autre temps ? demanda Violetta avec vivacité.

— Nous jouissons de cette liberté, même dans une prison.

— Tu es donc plus heureuse que celles qui habitent dans des palais ! Je me confierai à toi, généreuse fille ; il est impossible que tu trahisses une personne de ton sexe, victime de la violence et de l’injustice.

Gelsomina leva la main, comme pour arrêter la confidence de la vive Violetta, et parut ensuite écouter avec attention.

— Peu de personnes entrent ici, lui dit-elle ; mais je sais qu’il y a plusieurs moyens d’entendre les secrets qui se disent dans ces murs, qui me sont encore inconnus. Suivez-moi, nobles dames, et je vais vous conduire dans un endroit où je sais qu’on ne peut nous entendre, quand même on nous écouterait.

La fille du geôlier les fit alors entrer dans le cabinet où elle avait coutume de s’entretenir avec Jacopo.

— Vous disiez, Signora, qu’il était impossible que je trahisse une personne de mon sexe, victime de la violence et de l’injustice, et bien certainement vous ne vous trompiez pas.

En passant d’une chambre dans l’autre, Violetta avait eu un instant pour réfléchir, et elle commença à mettre plus de réserve dans ses communications. Mais l’intérêt naïf qu’un être d’un caractère aussi doux et ayant mené une vie aussi retirée que Gelsomina prenait à son récit fit qu’elle finit par se livrer à sa franchise