Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 11, 1839.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XVII.


Pourquoi es-tu là étendu sur la verdure ? Ce n’est pas encore l’heure du sommeil… Pourquoi cette pâleur ?
Lord ByronCaïn.


Malgré son air de décision, le duc de Sainte-Agathe ne savait quelle direction il devait suivre. Il ne pouvait douter qu’il n’eût été trahi par un au moins des agents à qui il avait été forcé de confier le soin des préparatifs nécessaires pour sa fuite préméditée. Il n’y avait pas à se flatter de l’espoir d’une méprise. Il vit sur-le-champ que le sénat était maître de la personne de sa nouvelle épouse ; et il connaissait trop bien le pouvoir de ce corps, et son mépris absolu pour tous les droits de l’humanité quand il s’agissait de quelque grand intérêt de l’État, pour douter un instant qu’il ne fût disposé à profiter de son avantage de la manière qui lui paraîtrait devoir le mieux répondre à ses rues. Par la mort prématurée de son oncle, donna Violetta avait hérité de vastes domaines sur le territoire de l’Église, et ce n’avait été que par égard pour son sexe qu’on l’avait dispensée d’obéir à cette loi arbitraire et jalouse qui ordonnait à tous les notables de Venise de se défaire de toutes les propriétés qu’ils pouvaient acquérir en pays étranger ; car il s’agissait de disposer de sa main d’une manière qui serait plus profitable à la république. Le sénat ayant encore cet objet en vue et possédant tous les moyens d’exécuter son projet, le duc napolitain non seulement savait fort bien qu’on nierait son mariage, mais il craignait que les témoins de la cérémonie ne fussent traités de manière à se débarrasser de leurs dépositions. Il avait moins d’inquiétude pour lui-même, quoiqu’il pré-