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tière aussi grave, je n’aurais pas agi sans son autorisation. Mais cette affaire a besoin d’être conduite avec une grande délicatesse. La plupart des biens de ma pupille étant situés dans les États de l’Église, il est nécessaire d’attendre le moment convenable pour disposer de ses droits, et les transférer dans les limites de la république, avant que nous prenions aucune décision. Une fois sûr de son bien, on pourra disposer d’elle sans attendre davantage, et de la manière qui conviendra le mieux à l’État.

— La jeune dame est d’un haut lignage, et elle possède une fortune et une beauté qui pourraient la rendre utile dans une de ces tortueuses négociations qui entravent depuis longtemps les mouvements de la république. On a vu le temps où une fille de Venise, qui n’était pas plus belle, fut donnée en mariage à un souverain.

— Signore, ces jours de gloire et de grandeur n’existent plus. Si l’on mettait de côté les droits de mon fils et qu’on se servît de ma pupille pour le plus grand avantage de la république, tout ce qu’on pourrait en espérer serait une concession favorable dans quelque traité futur, ou un nouvel appui pour quelques-uns des intérêts de la ville. Dans cette circonstance, elle peut être plus utile que le plus vieux et le plus sage de notre conseil. Mais si son choix était libre, et qu’elle ne vît point d’obstacle à son bonheur, il serait nécessaire de prendre promptement une détermination sur les droits de don Camillo. Pouvons-nous faire mieux que de recommander un compromis, afin qu’il puisse retourner sans délai en Calabre ?

— Cette affaire est importante et demande à être examinée.

— Il se plaint déjà de notre lenteur, et non sans quelque apparence de raison. Il y a maintenant cinq ans qu’il réclame.

— Signor Gradenigo, c’est à ceux qui ont la force et la santé qu’il convient de montrer leur activité. La vieillesse chancelante doit avancer avec prudence. Si nous trahissions trop de précipitation dans une affaire aussi sérieuse, sans avoir un avantage immédiat au jugement, nous ne profiterions pas d’une brise heureuse que tous les sirocci n’amènent pas dans nos canaux : il faut temporiser avec le seigneur de Sainte-Agathe, ou nous perdons notre bonne fortune.

— J’ai mis cette affaire sous les yeux de Vos Excellences, afin que votre sagesse la prenne en considération. Il me semble que