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un pin et un chêne qui avaient crû sans culture. Une pente d’une assez grande rapidité descendait jusqu’au niveau de l’embouchure de la rivière. Enfin, c’était une maison de campagne vaste, mais sans prétention, dans laquelle on n’avait oublié aucune des commodités domestiques, mais dont l’architecture n’avait rien qu’on pût vanter, si ce n’est ses cheminées de forme particulière et ses girouettes rouillées. Quelques dépendances pour l’habitation des nègres entonnaient la maison, et plus près de la rivière on voyait des granges et des écuries, supérieures par leurs dimensions et leurs matériaux à ce qu’on aurait jugé nécessaire, tant par l’apparence des terres labourables que par celle de la petite ferme. La périagua dans laquelle le propriétaire avait traversé la baie extérieure était à l’abri sous un petit bâtiment en bois élevé sur le rivage.

Pendant les premières heures de la soirée, la lueur des chandelles et un mouvement général parmi les noirs avait annoncé la présence du maître de la villa ; mais cette activité s’était ralentie peu à peu avant que l’horloge eût sonné neuf heures ; la distribution des lumières et le silence général prouvait que les voyageurs, probablement fatigués de leur journée, s’étaient déjà séparés pour aller se livrer au repos. Le bruit des nègres avait cessé, et la tranquillité du sommeil dominait peu à peu leurs humbles demeures.

À l’extrémité septentrionale de la villa, qui, si on se le rappelle, était appuyée contre la montagne et en face de la rivière, à l’est de la mer, il y avait une petite aile plus entourée d’arbrisseaux que le reste du bâtiment, et qui était construite dans un style différent. C’était un pavillon élevé pour l’usage journalier et aux frais de la belle Alida de Barberie ; c’était là que l’héritière de deux fortunes tenait son petit ménage pendant le temps qu’elle passait à la campagne, et s’y livrait à des occupations féminines qui convenaient à son âge et à ses goûts. Pour faire honneur à la beauté qui y avait fixé son séjour, le galant Français avait baptisé cette partie de la villa du nom de Cour-des-Fées, nom que chacun avait adopté, quoique un peu corrompu dans sa prononciation.

Les persiennes du principal appartement du pavillon étaient ouvertes, et Alida était à une des fenêtres. Parvenue à cet âge où toutes les impressions sont vives, elle contemplait le charmant paysage qui était devant ses yeux et la douce tranquillité de la