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réfléchi les contorsions d’un homme tourmenté par le mal de mer.

— Parbleu, c’est horrible, la mer ! Il ne devrait y avoir d’eau que pour boire, se laver, et nourrir des carpes dans les fossés d’un château. Mais mademoiselle Alida n’a point un jugement précipité, et elle, aura un mari sur la terre ferme.

— Il vaudrait mieux que les domaines de mon frère fussent gardés à vue, judicieux François, que de les voir flotter au gré du courant vers les hautes mers.

— Il n’y eut jamais de marins dans la famille des Barberie ?

— Lettres de change, et balance de comptes ! si les épargnes de quelqu’un que je pourrais nommer étaient ajoutées en monnaie courante aux biens de ma nièce, la somme totale pourrait faire enfoncer un vaisseau. Vous savez que j’ai l’intention de me souvenir d’Alida, de ma nièce, lorsque je terminerai mes comptes avec le monde ?

— Si M. de Barberie vivait, monsieur l’alderman, il vous répondrait des choses convenables ; mais, malheureusement, mon cher maître est mort, et je prendrai la liberté de vous remercier pour lui et pour toute la famille.

— Les femmes sont remplies de malice, et souvent elles prennent plaisir à faire ce qu’on désirerait qu’elles ne fissent pas. Les hommes prudents doivent savoir comment s’y prendre, et les conduire par de douces paroles et de riches présents. De cette manière elles deviennent aussi dociles que des hongres bien dressés.

— Monsieur est très-instruit sur cette matière, dit le vieux valet en se frottant les mains et riant avec la voix basse d’un domestique bien élevé qui ne peut cependant se refuser une innocente plaisanterie, et pourtant il est garçon. Les cadeaux sont fort bons pour réussir auprès des demoiselles, et encore mieux auprès des dames.

— Ce sont nous autres garçons qui devons nous y connaître ; les pauvres maris, gouvernés par leurs femmes, n’ont pas le loisir de faire des observations générales sur le sexe, et de comprendre la qualité réelle de l’article : voici van Staats de Kinderhook ; fidèle François, que pensez-vous d’un semblable mari pour Alida !

— Mademoiselle aime la vivacité, et M. le patron n’a jamais été très-vif.

— Il n’en sera que meilleur mari. Écoutons, je distingue un