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— Voilà un charmant coup d’œil et un joli bâtiment, dit-il, tandis que son regard expressif examinait les agrès du croiseur royal, en prenant avec indifférence le gouvernail des mains du maître : — Sa Majesté doit avoir un bon service d’un semblable croiseur, et il n’y a aucun doute que le jeune marin qui est sur le pont est homme à tirer tout le parti possible de ce bâtiment. Nous allons prendre une autre observation : retirez votre voile d’avant, mon garçon.

Tandis qu’il parlait, l’étranger avait mis le gouvernail sous le vent ; à peine l’ordre fut-il donné que le bateau avait viré de bord, et une minute plus tard il se balançait encore le long des côtés du sloop de guerre. L’alderman était sur le point de se plaindre, au nom de tous, de cette violation des règles habituelles du bateau, ainsi que le maître du bac, lorsque l’étranger ôta son chapeau et s’adressa à l’officier, avec toute la tranquille assurance qu’il avait déjà manifestée en conversant avec les passagers de la périagua.

— Sa Majesté, dit-il, a-t-elle besoin à son service d’un homme qui a vu dans son temps plus d’eau bleue que de terre ferme ? Y a-t-il un hamac vide dans un si beau croiseur, pour un marin qui n’a plus qu’à mourir de faim s’il ne fait pas le métier de matelot ?

Le descendant des républicains Ludlows, c’est ainsi que lord Cornbury avait nommé la race du commandant de la Coquette, fut aussi surpris de la vue de celui qui lui faisait cette question, que de l’assurance avec laquelle un marin d’une classe inférieure s’adressait à un officier revêtu d’une aussi haute dignité que la sienne. Il eut cependant le temps de se rappeler en présence de qui il se trouvait avant de répondre, car l’étranger avait de nouveau placé le gouvernail sous le vent, et fait rejeter en arrière la voile d’avant, manœuvre qui rendit le périagua stationnaire.

— La reine recevra toujours un courageux matelot à son service, s’il se présente avec l’intention de la servir avec zèle et fidélité, répondit le capitaine Ludlow. Pour preuve de ce que j’avance, qu’on jette une corde à la périagua ; nous traiterons plus à notre aise sous le pavillon de Sa Majesté. Je serai fier de causer avec l’alderman van Beverout, pendant ce temps, et un cutter sera toujours à ses ordres lorsqu’il aura l’intention de nous quitter.

— Vos aldermen, amateurs de la terre ferme, trouvent leur