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quirent toute résistance. Suspendu à l’échelle, l’Écumeur furieux se vit arracher sa proie. Les bateaux s’éloignèrent. La malédiction qu’on entendit alors sous la poupe de la Coquette fut prononcée avec autant de force qu’elle était énergique, mais l’instant d’après l’Écumeur était sur le vaisseau, calme au milieu du groupe abandonné.

— L’explosion de quelques pistolets d’officiers a effrayé les misérables, dit-il gaiement. Mais toute espérance n’est pas encore perdue ! Ils sont arrêtés à quelque distance et peuvent encore revenir !

La vue des victimes abandonnées sur la poupe, et la conviction d’être moins exposés eux-mêmes, avaient en effet arrêté les fugitifs. Cependant l’égoïsme dominait, et tandis que la plupart regrettaient leurs dangers, il n’y eut que les jeunes midshipmen, qui n’étaient ni d’un âge, ni d’un rang à posséder quelque autorité, qui proposèrent de revenir. Il était évident que les périls augmentaient de minute en minute, et ne trouvant pas d’autre expédient, les braves jeunes gens encouragèrent les matelots à ramer vers la terre, afin de revenir aussitôt au secours du commandant et de ses amis. Les avirons frappèrent de nouveau les vagues, et les bateaux furent bientôt perdus dans l’obscurité.

Pendant que le feu ravageait l’intérieur du vaisseau, un autre élément avait contribué à ravir toute espérance aux victimes de l’incendie. Le vent de terre continuait à s’élever, et pendant le temps perdu en efforts inutiles, le vaisseau avançait rapidement. Le gouvernail avait été abandonné, et les voiles enlevées pour éviter les flammes ; le bâtiment avait été poussé presque sous le vent.

Les jeunes midshipmen n’avaient point fait attention à cette circonstance, ils étaient encore à plusieurs milles de cette côte qu’ils se croyaient sur le point d’atteindre, et les bateaux n’avaient pas été séparés du vaisseau depuis cinq minutes, que toute espérance de retour devint impossible. Ludlow avait songé de bonne heure à faire échouer le vaisseau, comme le meilleur moyen de sauver l’équipage, mais lorsqu’il connut mieux sa position, il vit l’inutilité de cette tentative.

Les marins ne pouvaient juger du progrès des flammes dans l’intérieur que par les accidents qui en résultaient. L’Écumeur jeta un regard autour de lui en regagnant la poupe, et parut examiner la force physique qui était encore à sa disposition. Il vit l’al-