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nos pensées. Qu’on fasse l’appel sur le gaillard d’arrière, Monsieur.

Lorsque le midshipman, à moitié endormi, quitta le capitaine pour obéir à ses ordres, ce dernier s’approcha du lieu où Trysail dormait toujours d’un sommeil inquiet. Il le toucha légèrement, et le contre-maître fut aussitôt sur pied. Le premier regard du vétéran se dirigea vers le haut du vaisseau, le second vers le ciel, et le troisième sur son capitaine.

— Je crains que tes blessures ne te fassent souffrir, et que l’air de la nuit n’ait ajouté à tes douleurs ! observa le capitaine parlant avec un air d’intérêt.

— On ne peut pas se fier à l’espar blessé comme à un morceau de bois sain, capitaine Ludlow ; mais comme je ne suis pas un fantassin dans une marche, les devoirs du vaisseau peuvent aller leur train, sans que j’aie besoin de monter à cheval.

— Je me réjouis de te voir l’esprit si gai, mon vieil ami ; car nous sommes menacés d’occupations sérieuses. Les Français sont dans leurs chaloupes, et nous les verrons bientôt paraître, ou les pronostics sont faux.

— Des chaloupes ! répéta le contre-maître. J’aimerais mieux que le vaisseau lui-même fût sous ses voiles avec une bonne brise ! La Coquette a le pied léger, et le côté vertical de ses voiles fasèye ; mais lorsque cela en vient aux chaloupes, un soldat de marine est aussi bon qu’un contre-maître.

— Nous devons prendre la fortune comme elle s’offre. — Voilà notre conseil ! — Il est composé de jeunes têtes, mais de cœurs qui feraient honneur à des cheveux blancs.

Ludlow joignit le petit groupe d’officiers qui était assemblé près du cabestan. Alors il leur expliqua en peu de mots la raison pour laquelle il les avait éveillés ! Lorsque chaque jeune officier eut compris ses ordres et la nature du nouveau danger qui menaçait le vaisseau, ils se séparèrent et commencèrent avec activité, mais en silence, les préparatifs nécessaires. Le bruit des pas sur le pont éveilla une douzaine des plus vieux marins, qui se joignirent aussitôt à leurs officiers.

Une demi-heure se passa comme un moment dans une telle occupation. Lorsque cette demi-heure fut écoulée, Ludlow pensa que son vaisseau était préparé. Les deux premiers canons avaient été rentrés, et le boulet en ayant été retiré, on les remplaça par une double charge de mitraille. Plusieurs porte-mousquetons,