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sur le même pont que les batteries du vaisseau, et ils étaient fréquemment construits de manière à contenir deux et même quatre canons de l’armement. Lorsque Ludlow entra dans sa cabine, il trouva plusieurs matelots autour du canon qui était placé du côté de l’ennemi, et tous les préparatifs qui précédaient un combat. La chambre du conseil de l’arrière, ainsi que le petit appartement qui était entre elles deux, étaient néanmoins fermés. Jetant un regard autour de lui, et observant que les charpentiers étaient prêts, il leur fit signe de détruire les cloisons afin d’agrandir l’espace nécessaire à la manœuvre du combat. Tandis qu’on remplissait ses intentions, il entra dans la seconde cabine.

Il trouva l’alderman van Beverout avec ses autres compagnons, et tous attendaient évidemment sa visite. Passant froidement devant le premier, Ludlow s’approcha d’Alida, et la prenant par la main, il la conduisit sur le gaillard d’arrière après avoir fait signe à sa négresse de la suivre. Descendant dans les profondeurs du vaisseau, le capitaine conduisit Alida dans une partie du post-à-bord[1] qui se trouvait au-dessous de la ligne d’eau et aussi éloigné du danger que possible sans être exposé au mauvais air ou à une vue qui aurait été pénible pour le sexe et les habitudes d’Alida.

— Voilà tout ce qu’un vaisseau de guerre peut offrir de sûreté, dans une occasion comme celle-ci, dit le capitaine, lorsque sa compagne se fut assise en silence sur un coffre servant de table. Sous aucun prétexte ne quittez ce lieu jusqu’à ce que je… ou quelque autre personne vienne vous avertir que vous pouvez le faire sans danger.

Alida s’était laissé conduire sans se permettre une question. Quoique rougissant et pâlissant tour à tour, elle vit avec le même silence les petites précautions que le capitaine prenait pour sa sûreté avant de la quitter ; mais lorsqu’il fut au moment de se retirer, le nom de Ludlow s’échappa de ses lèvres, et cette exclamation parut involontaire.

— Puis-je faire autre chose pour calmer vos craintes ? demanda le jeune homme, quoiqu’il évitât de rencontrer les regards de celle qu’il aimait. Je connais la force de votre esprit, et je sais que vous avez un courage qui surpasse celui de votre

  1. Partie du vaisseau où l’on place les hamacs des malades, etc.