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dont on se conduisait en Angleterre, d’un ton, pardonnez-moi de le dire, qui conviendrait mieux à un Hollandais qu’à un sujet de la couronne.

— Ne vous ai-je pas dit qu’un cheval courrait plus vite sans cavalier qu’avec une selle sur le dos ! Donnez à votre jokey aussi peu de poids et à celui de votre adversaire donnez-en autant que possible, si vous désirez remporter le prix. Je me plains des hommes de la ville, parce qu’ils font des lois pour nous et non pas pour eux. Comme je l’ai souvent dit à mon digne ami, l’alderman Gulp, il est bon de manger pour vivre ; mais une indigestion vous met dans la nécessité de faire un testament.

— De tout cela, je conclus que les opinions de votre correspondant de Leyde ne sont pas celles de M. van Beverout.

L’alderman posa un doigt sur son nez, et resta un moment sans répondre.

— Ces habitants de Leyde, dit-il enfin, ont une grande sagacité. Si les Provinces-Unies avaient un point d’appui assez fort, elles pourraient, comme ce philosophe, se vanter que leur levier soulèverait le monde ! les sournois pensent que les habitants d’Amsterdam ont une position agréable, et ils souhaitent persuader tous les autres de monter à cheval à poil. J’enverrai le pamphlet dans le pays des Indiens, et je paierai quelque savant pour le traduire en langue mohawk, afin que le fameux chef Schendoh, lorsque les missionnaires lui auront appris à lire, ait une notion exacte des équivalents ! Je ne suis pas certain de ne pas faire aux dignes ecclésiastiques un présent qui aide les bons fruits à mûrir.

L’alderman jeta un regard sur ses auditeurs, et croisant modestement ses bras sur sa poitrine, il laissa son éloquence produire ses effets.

— Ces opinions favorisent bien peu les occupations du gentleman qui nous honore maintenant de sa compagnie, dit Ludlow, en regardant le brillant contrebandier avec une expression qui montrait combien il était embarrassé de trouver un nom pour une personne dont les manières étaient en si grande opposition avec sa conduite. Si des restrictions sont nécessaires au commerce, l’état de contrebandier est tout à fait sans excuse.

— J’admire autant votre prudence en pratique que l’équité de vos sentiments en théorie, capitaine Ludlow, répondit l’alder-