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ricaine, union qui produit peut-être le plus heureux et le plus juste medium de l’utile et de l’agréable. Alida était assise devant une petite table de bois d’acajou, profondément absorbée par le contenu d’un volume placé devant elle. À côté d’elle il y avait un service de thé dont les tasses étaient infiniment plus petites que celles dont on faisait alors usage, quoique parfaitement travaillées et composées des plus précieux matériaux. Sa toilette consistait en un négligé convenable à son âge, et toute sa personne respirait un calme et un air de grâce qui semblent être des qualités particulières au beau sexe, et qui rendent l’intimité d’une femme si attrayante et si remplie de charme. Son esprit paraissait être entièrement préoccupé de son livre, et la petite urne d’argent qui était près d’elle était négligée.

— Voilà le tableau que je me suis souvent représenté, dit Ludlow à voix basse, lorsque les vents et les orages me retenaient sur le tillac pendant bien des nuits tumultueuses ! Lorsque le corps et l’esprit étaient accablés de fatigue, voilà le repos que je souhaitais et que j’osais même espérer.

— Le commerce de la porcelaine de Chine s’augmentera avec le temps, et vous êtes un excellent juge d’une vie paisible, master Ludlow, répondit l’alderman. Cette jeune fille a sur les joues une fraîcheur qu’on jugerait n’avoir jamais été exposée à la brise, et il n’est pas facile de concevoir qu’une personne qui a l’air si bien portant vienne de s’exposer aux tempêtes et aux roulis de l’Océan. Entrons.

L’alderman van Beverout n’était pas accoutumé à faire beaucoup de cérémonie lorsqu’il allait rendre visite à sa nièce. Sans penser à se faire annoncer, le dogmatique bourgeois ouvrit tranquillement la porte, et poussa son compagnon dans le pavillon.

Si cette entrevue de la belle Alida avec les voyageurs fut remarquable par l’indifférence affectée des deux derniers, leur aisance apparente ne surpassa pas celle de la jeune fille. Elle posa son livre de côté avec le calme qu’on aurait pu attendre s’ils n’avaient été séparés que depuis une heure, et qui prouvait assez à l’alderman et à Ludlow que leur retour était connu et qu’on attendait leur présence. Elle se leva simplement à leur entrée, et avec un air rempli de politesse plutôt que d’émotion, elle les pria de s’asseoir. En voyant la tranquillité de sa nièce, l’alderman tomba dans de profondes réflexions, tandis que le jeune marin ne