Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sité d’avoir quelqu’un pour détromper la reine devient tous les jours plus urgente. Les novateurs devraient enfin céder la place aux hommes dont les noms sont historiques dans la colonie.

— Cela ne ferait aucun tort au crédit de Sa Majesté.

— Ce serait un joyau de plus à sa couronne. Si ce capitaine Ludlow épousait votre nièce, la famille changerait entièrement de caractère… J’ai la plus mauvaise mémoire… Ta mère, Myndert, était une… une…

— La digne femme était une van Busser.

— L’union de ta sœur avec un huguenot réduit alors la belle Alida à la condition de sang mêlé. Une union avec Ludlow détruirait le levain de la race ! Je crois que cet homme est sans le sou.

— Je ne puis pas dire cela, Milord, car je ne voudrais pas faire tort au crédit de mon plus grand ennemi ; mais, quoique riche, il est loin d’avoir un aussi beau domaine que celui du jeune patron de Kinderhook.

— On devrait réellement l’envoyer aux Indes… Myndert ?…

— Milord ?

— Je ferais injure à mes sentiments pour M. Oloff van Staats, si je l’excluais des avantages de notre projet. J’exige de votre amitié que les sommes nécessaires soient divisées entre vous par moitié ; un billet commun rendra l’affaire égale, et alors, comme nous serons maîtres de notre secret, on ne peut former aucun doute sur la prudence de nos mesures. Le montant est écrit sur ce morceau de papier.

— Deux mille livres sterling, Milord ?

— Je vous demande pardon, mon cher Monsieur, pas un sou de plus de deux mille livres pour chacun de vous. La justice exige que Van Staats soit compris dans cette affaire. Sans l’union de votre nièce, j’emmènerais le jeune homme avec moi pour le pousser à la cour.

— En vérité, Milord, cela dépasse de beaucoup mes moyens. Les hauts prix des fourrures la saison dernière, et les délais des retours, ont posé les scellés sur notre argent.

— La prime sera forte.

— L’argent devient si rare, de jour en jour, que la face d’un carolus est presque aussi étrangère que celle d’un débiteur…

— Les retours sont certains.