Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur la côte à une époque déterminée. Il a une antipathie innée pour tout croiseur royal, et il n’y a pas de doute que ceux qui le gouvernent n’ont besoin ni de boussole ni d’observation. Tout cela étant vrai, il n’est pas étonnant que, lorsque l’équipage de la chaloupe se jeta sur son pont, il le trouva différent de ce qu’il avait espéré. Il est certain que, lorsque j’étais à la distance d’un fer de gaffe de sa voile et de sa vergne de civadière, c’était encore un bâtiment demi-gréé avec une figure de femme, et des drisses aussi belles qu’on peut en voir, tandis qu’en bas tout était aussi bien joint qu’une tabatière dont le couvercle est fermé ; et ici, vous dites tous que c’est un schooner à haut pont et mal construit ! Qu’a-t-on besoin de plus pour prouver la vérité de ce qui a été dit ? Si quelqu’un peut le contredire, qu’il parle.

Comme aucun matelot ne contredit Robert, on peut supposer que ses raisonnements firent un grand nombre de prosélytes. Il est à peine nécessaire d’ajouter combien cette histoire jeta de mystère et d’intérêt sur le redoutable Écumeur de mer.

On avait une autre opinion sur le gaillard d’arrière. Les deux lieutenants se réunirent avec gravité, tandis qu’un ou deux midshipmen, qui avaient été dans la chaloupe, chuchotaient avec leurs hommes d’équipage et faisaient entendre un rire étouffé. Cependant comme le capitaine conservait son maintien digne et son air d’autorité, cette gaieté n’alla pas plus loin, et fut même bientôt entièrement réprimée.

Tandis que nous traitons ce sujet, il est peut-être convenable d’ajouter que plus tard le Noble Pin atteignit en sûreté les caps de la Caroline du nord, et qu’ayant effectué son passage par dessus la barre d’Édenton sans y toucher, il monta la rivière jusqu’à sa destination. Là, l’équipage commença à faire quelques confidences relatives à une rencontre entre le schooner et un croiseur français ; et comme la Grande-Bretagne, jusque dans ses possessions les plus éloignées, fut de tout temps jalouse de sa gloire maritime, cet événement devint bientôt un sujet de conversation pour les différentes colonies, et en moins de six mois les journaux de Londres continrent un brillant récit d’un combat, à l’aide duquel les noms du Noble Pin et de John Turner firent quelques pas vers l’immortalité.

Si le capitaine Ludlow donna jamais d’autres détails sur cet événement que ceux qui furent consignés dans le livre de loch de