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les bancs de sable de la rivière, plus avant dans l’intérieur des terres.

Il y a une providence dans la destinée des nations, qui réduit au néant les plus profonds calculs des hommes.

Si la domination des Hollandais eût continué un siècle de plus, il eût existé dans le centre de l’Union un peuple opposé à ses établissements par son langage, son origine et ses usages. La conquête des Anglais en 1663, quoique injuste et inique en elle-même, éloigna le danger, en ouvrant la voie à l’introduction de cette grande communauté de caractère qui a si heureusement prévalu.

Quoique les Anglais, les Français, les Suédois, les Hollandais, les Danois, les Espagnols, les Norwégiens, eussent tous des colonies dans l’intérieur du pays qui compose maintenant les États-Unis, le peuple de ces contrées est plus homogène dans son caractère, son langage, ses opinions, que celui d’aucune autre grande nation connue. Cette identité est due à la prédominance que les Anglais obtinrent d’abord, et à ce que la Nouvelle-Angleterre et la Virginie, les deux grandes sources de l’émigration intérieure, sont entièrement d’origine anglaise. Cependant New-York a conservé jusqu’à nos jours une multitude d’usages venus de la Hollande. Ses édifices en briques peintes, ses rues bordées d’arbres, ses stoops incommodes[1], et la plupart de ses noms sont également hollandais. Jusqu’au commencement de ce siècle, le langage hollandais dominait dans les rues de la capitale ; et quoique cette nation soit d’une hardiesse et d’une originalité particulières, en ce qui concerne la navigation, le plus grand port de mer du pays conserve les traces d’un goût qui doit dériver de la même origine.

Le lecteur trouvera dans ces faits une explication suffisante des usages particuliers et des pratiques que l’auteur a essayé de peindre dans l’ouvrage suivant. L’esclavage, les idiomes différents et un peuple distinct ne se trouvent plus dans les belles régions de New-York, et, sans prétendre à une exemption exagérée des faiblesses de l’humanité, il nous est permis d’espérer que ce ne sont pas seulement les seuls traits de notre narration, qu’une meilleure police et une administration plus équitable ont rendus purement historiques.

  1. Portes basses. C’est ainsi qu’on appelle encore aujourd’hui l’entrée des maisons.