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vaient remplir le rôle important de premières filles de noce ; la mère voulut aussi qu’il y eût deux garçons de noce pour que tout fût régulier. John devait être naturellement le premier ; il ne s’agissait plus que de choisir le second, et John reçut carte blanche pour faire ce choix comme il l’entendrait.

Il avait d’abord eu l’intention de s’adresser à M. Benfield ; mais, toutes réflexions faites, il se décida à écrire à lord Chatterton, son parent, qui résidait à Londres.

Celui-ci s’empressa de répondre, et, après avoir exprimé ses regrets de ce qu’un accident qui lui était survenu l’empêchait de se rendre à une invitation aussi agréable, il ajoutait que l’intention de sa mère et de ses deux sœurs était d’aller les féliciter elles-mêmes aussitôt que sa santé lui permettrait de les accompagner. On s’y était pris si tard, que cette réponse n’arriva que la veille du jour fixé pour la noce, et au moment même où ils s’attendaient à voir arriver leur noble parent en personne.

— Là ! s’écria Jane d’un air de triomphe ; je vous avais dit que c’était une folie d’écrire à Londres, lorsque nous avions si peu de temps devant nous. Qu’allons-nous faire à présent ? Vous aviez bien besoin, John, d’aller chercher si loin…

— Ce que nous avions sous la main, n’est-ce pas, Jane ? Allons, je vais voir si je pourrai vous satisfaire ; et en disant ces mots il prit son chapeau pour sortir.

— Où allez-vous, mon fils ? demanda le baronnet, qui entrait au même moment.

— Au Doyenné, Monsieur, voir si je pourrai décider le capitaine Jarvis à remplir demain les nobles fonctions de garçon de noce. Chatterton a fait une chute de cheval, et il m’écrit qu’il lui sera impossible de venir.

— John !

— Eh bien ! chère Jane ?

— Je vous déclare que si je dois avoir le capitaine Jarvis pour cavalier, je prie Clara de ne point compter sur moi. Je ne veux avoir aucun rapport avec un pareil homme.

— Jane a raison, mon fils, dit lady Moseley d’un ton grave ; vos plaisanteries sont déplacées dans un pareil moment. Le colonel Egerton convient beaucoup mieux sous tous les rapports, et je désire que vous alliez voir vous-même le colonel pour l’inviter de notre part.