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Frédéric, se hâta de répondre lady Henriette en rougissant beaucoup.

— Mais où est Chatterton ? demanda sir William ; il doit être à Bath ; une de ses sœurs s’y est mariée la semaine dernière.

Le mouvement que fit Grace en entendant prononcer le nom de son frère attira l’attention du duc et de ses amis sur la famille réunie près d’eux.

— Quelle charmante personne est assise près de vous ! dit le duc à l’oreille de lady Laura.

Cette dame sourit en lui faisant signe par un coup d’œil expressif qu’elle partageait son opinion ; mais Émilie, qui était trop près pour n’avoir pas entendu la remarque de Derwent, se leva en rougissant, et proposa à sa mère et à sa tante de faire un tour de salon.

Chatterton entra quelques minutes après. Depuis longtemps il avait avoué à Émilie qu’après le refus formel qu’elle avait fait de sa main, tous ses efforts avaient eu pour but d’arracher de son cœur une passion qui ne lui permettait plus le bonheur ; mais son estime, son respect et son amitié étaient toujours les mêmes. Il ne lui parla plus de Denbigh, et elle lui sut gré de sa délicatesse.

Les Moseley venaient de commencer leur promenade autour du salon lorsque Chatterton entra. Il s’empressa de se joindre à eux. Bientôt lady Laura et sa société se levèrent à leur tour, et Chatterton, courut les saluer ; il parut enchanté de les voir. Le duc avait beaucoup d’amitié pour lui, et l’émotion que fit paraître lady Henriette en le voyant fit penser à tous ses amis que son frère ne s’était pas trompé en doutant qu’elle voulût si tôt quitter Bath.

Après quelques moments de conversation, le duc et ses amis députèrent Chatterton auprès de la famille Moseley ; et son ambassade ayant été reçue comme elle devait l’être, il se chargea de présenter les deux sociétés l’une à l’autre.

Lady Henriette et lady Laura témoignèrent à Émilie la plus aimable bienveillance ; elles se placèrent près d’elle, et Mrs Wilson fut frappée de la préférence qu’elles marquaient pour sa nièce. La beauté touchante et les manières vraiment aimables d’Émilie en étaient-elles seules la cause, ou devait-elle attribuer à des motifs plus puissants le désir que paraissaient avoir les deux cousines de se lier avec sa pupille ?

Mrs Wilson avait entendu dire que Chatterton faisait la cour à