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mier chef, puisqu’elle a pour suite nécessaire la dissolution de l’hérédité. M. Raffalovich, qui admet l’inversion sans dégénérescence, se sert d’un argument qui donne la mesure de sa critique : « Mais l’unisexualité n’entrave pas la conservation de la race, puisqu’elle s’est trouvée dans tous les temps, dans tous les pays du monde. » Quoi qu’en puisse dire cet auteur, il y a une distinction absolue entre l’homme hétéro-sexuel et l’homme homo-sexuel, au moins au point de vue des chances de reproduction ; si la race se perpétue, les invertis n’y contribuent guère.

Si l’on pouvait établir par des faits que l’inverti supérieur n’est pas un dégénéré et qu’il peut fournir une descendance qui rentre dans la loi en bénéficiant de l’hérédité de ses qualités, l’entraînement à la chasteté ferait fausse route. Mais ce genre de preuves de l’absence de dégénérescence, M. Raffalovich, économe d’ailleurs de documents originaux, ne nous la donne pas.

L’absence de stigmates morphologiques n’exclut pas la dégénérescence. Darwin a fait remarquer à juste titre que la fonction sexuelle est la plus délicate de toutes ; il est permis d’admettre qu’elle puisse être atteinte à l’exclusion des autres, et que, surtout, elle puisse ne pas se trahir par des malformations extérieures.

En admettant que l’inversion sexuelle soit aussi fréquente chez les hommes remarquables qu’on veut bien le dire, on ne peut pas en conclure que l’inversion est un phénomène normal : il y a coïncidence de deux anomalies.

La fonction sexuelle comporte la mise en jeu de deux éléments de sexe différent. Quand l’un des éléments fait défaut à la conjonction, la fonction ne s’exerce pas, il y a abolition bien plutôt qu’anomalie de la fonction. On donne improprement le nom de perversions sexuelles aux perversions de la recherche du plaisir procuré par l’excitation des organes génitaux liée à la fonction sexuelle, aux perversions de l’appétit vénérien. Quand les perversions de l’appétit vénérien ne sont pas les signes extérieurs de la dissolution congénitale de la sexualité, ils deviennent les agents d’une dissolution acquise. La pédérastie n’est pas une fonction sexuelle pervertie, ce n’est pas du tout une fonction sexuelle, c’est une perversion de l’appétit vénérien. Ce qu’on appelle instinct sexuel contraire est, en somme, la négation de l’instinct sexuel ;