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L’inversion sexuelle, l’attraction spontanée sensuelle, sentimentale ou intellectuelle pour un individu du même sexe est considérée par la plupart des médecins comme un stigmate de dégénérescence. Krafft-Ebing admet que cette anomalie instinctive est liée à l’évolution des organes génitaux, qui sont en réalité bisexués jusqu’au troisième mois de la vie intra-utérine. Cet auteur pense qu’au début de l’évolution les centres cérébro-spinaux doivent aussi être bisexués. Quand la spécialisation génitale est déjà réalisée, la spécialisation cérébrale est encore latente. On peut comprendre que la spécialisation qui s’effectue le plus lentement ait plus de chances d’être troublée et qu’il arrive que, malgré une spécialisation génitale régulière, la spécialisation cérébrale soit en défaut, pervertie ou invertie. Le fait est qu’on rencontre un certain nombre d’individus atteints d’inversion instinctive du sens génital et qui ne présentent aucune anomalie somatique grossière et en particulier aucune malformation des organes génitaux internes ou externes.

Plusieurs auteurs, et en particulier Max Dessoir, ont considéré l’indécision sexuelle comme normale pendant les premières années de la puberté ; on peut déduire de cette circonstance que l’inversion est un arrêt de développement (Ellis) favorisé par le milieu scolaire. Toutefois, il s’en faut que l’anomalie coïncide constamment avec un retard d’évolution ; souvent elle est en relation avec une précocité remarquable [1]

Pour Havelock Ellis, l’inverti est caractérisé par une anomalie prédisposante congénitale ou un complexus de petites anomalies qui lui rendent difficile ou impossible l’attraction sexuelle vers l’autre sexe, facile au contraire l’attraction pour son propre sexe. Cette anomalie peut apparaître spontanément, ou être mise en activité par des circonstances accidentelles [2]. Cette conception ne diffère pas au fond de celle de Krafft-Ebing et des auteurs qui admettent que l’inversion est un caractère de dégénérescence. L’inversion sexuelle est souvent liée, comme le reconnaît bien Ellis, à un tempérament névropathique. Elle peut être liée d’ailleurs à des anomalies des caractères sexuels.

  1. F. Pélofi. — De la précocité et des perversions des instincts sexuels chez les enfants. (Thèse Bordeaux, 1897.)
  2. Havelock Ellis, — Studies in the psychology of sex, 1891, t. 1, p. 140.