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agissant sur les conditions de milieu, sur l’imagination, sur la volonté. Toutefois si on parcourt les ouvrages des auteurs les plus autorisés qui ont usé de la suggestion, on peut conserver des doutes sur la réalité de leurs succès. L’hypnose, même « forcée », paraît en général inefficace[1]. Ce n’est pas toutefois qu’on puisse nier absolument la guérison des perversions acquises ; mais celles qui guérissent se sont en général développées en conséquence de conditions organiques sur lesquelles on peut exercer une action efficace, ou bien elles suivent l’évolution favorable d’un état morbide[2]. La réalité de ces guérisons peut faire comprendre le mécanisme de la perversion et la possibilité de la guérison des perversions acquises quelles qu’elles soient.

À côté des perversions acquises qui peuvent se développer à tout âge, suivant les circonstances, il faut distinguer d’autres perversions dont on retrouve les premières manifestations à l’époque de l’éveil de la fonction génitale, et même souvent avant ; il s’agit de perversions dites congénitales.

C’est à un groupe de perversions congénitales qu’on réserve particulièrement le nom d’inversion sexuelle. Cette anomalie peut, tout comme le daltonisme, la nyctalopie, ou toute autre anomalie fonctionnelle, tant qu’elle n’abolit pas la fonction sexuelle, se transmettre héréditairement, soit au même degré, soit en s’aggravant ; d’autres fois elle se manifeste chez plusieurs individus d’une même génération sans qu’on puisse remonter à un ascendant commun atteint à un degré atténué. L’analogie de ces familles avec les familles tératologiques est frappante.

C’est l’intérêt que présente le caractère héréditaire ou familial de l’inversion sexuelle qui m’a engagé à reproduire ici quelques réflexions que j’ai déjà exposées ailleurs[3] en les appuyant d’un fait nouveau.

  1. L. Schwartz. — Contribution à l’étude de l’inversion sexuelle, thèse Montpellier, 1896, p. 31.
  2. Ch. Féré, — Accès périodiques de perversion instinctive chez un goutteux. (La Flandre médicale, 1er juillet 1894.) — Une hyperesthésie génitale en rapport avec la brièveté du frein de la verge. (Revue de chirurgie, 1895, p. 333.) — Note sur une perversion sexuelle liée à l’ataxie locomotrice. (La Belgique médicale, 1897, no2)
  3. La descendance d’un inverti, contribution à l’hygiène de l’inversion sexuelle. (Revue générale de clinique et de thérapeutique, journal des praticiens, 1896, no 36, p. 561.)