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causait toujours une répulsion violente, et lorsqu’elle entendait parler de l’éventualité du mariage elle éprouvait une agitation pénible et restait plusieurs nuits sans dormir. Les conversations des jeunes femmes ou des jeunes filles mieux renseignées qu’elle, la mettaient dans un état d’agitation particulièrement pénible. Elle rejeta plusieurs demandes en mariage qui se présentaient dans les conditions les plus favorables. Elle refusa d’abord systématiquement, disant qu’elle ne se marierait jamais ; mais comme on supportait fort mal cette décision, elle donna des prétextes plus ou moins justifiés, basés sur des défauts individuels ou sur des conditions accessoires plus ou moins futiles. Elle avait vingt-quatre ans, quand elle fut l’objet d’une demande qui se présentait dans de telles conditions de convenances que les parents insistèrent vivement. Elle sentait bien qu’il faudrait un jour arriver à une solution ; et elle-même d’ailleurs se sentait humiliée de ne pas se marier, de ne pas devenir mère de famille, bien que la maternité lui inspirât une répulsion au moins aussi grande que les actes sexuels préalables. Elle consulta son confesseur qui lui conseilla le mariage qui d’après lui devait faire cesser toutes ses mauvaises tendances ou au moins lui rendrait plus facile la résistance aux tentations avec l’aide de son mari auquel elle devait se soumettre sans restriction. Elle consentit. Les fiançailles et leurs suites furent pour elle l’occasion d’une série d’angoisses. La consommation du mariage lui inspirait une véritable terreur ; elle ne pouvait supporter qu’en s’armant de tout son courage le contact de son fiancé. Mais la honte qui revenait sans cesse de ne pas être comme les autres, l’excitait à se laisser faire : c’est ce qui eut lieu. Les premiers rapprochements sexuels n’avaient pu s’accomplir qu’après une crise d’angoisse qui détermina une syncope. Mais la délicatesse de son mari pour lequel à défaut d’amour elle avait de l’estime et de l’affection, finit par triompher de ses répugnances physiques ; elle s’habitua à ses caresses qu’elle toléra comme une nécessité mais qui n’ont jamais provoqué chez elle autre chose qu’une sensation pénible qu’elle ne supportait que par devoir.

Elle eut successivement trois grossesses qui se passèrent sans autre accident que des vomissements d’ailleurs peu durables. Les accouchements se firent aussi normalement et n’eurent aucune suite fâcheuse ; mais dans aucun des trois cas il ne se produisit de sécrétion lactée, ni aucun gonflement des seins.

Les organes paraissaient assez volumineux, mais en réalité la graisse remplissait la place des glandes, qui étaient peu développées. Il n’est pas douteux qu’elle ait élevé ses enfants avec beaucoup de soin et qu’elle les a toujours et en toutes circonstances traités en bonne mère ; mais elle prétend qu’elle n’a jamais éprouvé les joies de la maternité qu’elle a entendu exprimer autour d’elle. Les grossesses et les accouchements n’ont amené aucun