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absences se sont ajoutés depuis le mois de décembre dernier des accès mélancoliques précédés d’irritabilité pendant quelques heures et à début subit. La malade se plaint de la tristesse de la vie, de la prédominance des circonstances malheureuses, de la malveillance dont elle est entourée : la mort est ce qui peut arriver de mieux. Ces accès durent une heure ou deux, puis disparaissent aussi subitement qu’ils étaient apparus. Sa mère est d’autant plus inquiète de ces accès qu’une autre fille s’est suicidée. En dehors de ces paroxysmes qui se sont reproduits 14 fois, de décembre 1896 à juin 1897, et des absences, cette jeune fille jouit d’une santé parfaite ; elle est grande et bien constituée, plutôt jolie et avec une expression sympathique. Jusqu’à la puberté, elle n’avait présenté aucun accident nerveux et n’avait souffert d’ailleurs que de quelques angines et de la rougeole à dix ans. Sa menstruation est toujours régulière. Elle ne présente aucun trouble important de la sensibilité ni de la motilité, son intelligence est normale ; elle paraît d’une grande indifférence sexuelle, mais ne manifeste pas de répulsion anormale comme sa sœur. J’ai considéré les absences et les accès mélancoliques comme appartenant à la série épileptique et leur éloignement sous l’influence du traitement paraît donner raison à ce diagnostic.

Cette jeune fille avait eu deux sœurs aînées : la première avait succombé aux convulsions au sixième mois ; la seconde, qui s’est suicidée en novembre 1895, avait eu aussi des convulsions dans l’enfance à plusieurs reprises ; elle avait marché tardivement, elle n’avait pas parlé distinctement avant trois ans, et elle avait eu des mictions nocturnes involontaires jusqu’à sept ans. À partir de cette époque elle s’était bien développée ; elle avait été réglée à douze ans et demi sans aucun trouble et la menstruation avait toujours été régulière et sans douleur. Elle était d’une intelligence moyenne, affectueuse avec ses parents. Mais depuis l’âge de la puberté on remarquait qu’elle manifestait un éloignement marqué pour les hommes jeunes, tandis qu’avec les jeunes filles elle se montrait communicative et tendre. Depuis l’âge de seize ans, elle s’était particulièrement liée avec une jeune fille de son âge avec laquelle elle se rencontrait chaque jour plusieurs fois et à laquelle elle trouvait toujours un prétexte pour écrire une lettre au moins chaque soir. Son amie, qui paraissait lui rendre son affection, lui écrivait très rarement, et dans quelques lettres qu’on a retrouvées plus tard on n’a rien trouvé qui indiquât de sa part un sentiment anormal. À vingt ans, cette jeune amie fut l’objet d’une demande en mariage, qui fut d’ailleurs rejetée. L’idée d’une possibilité de mariage de son amie détermina chez la sœur de notre malade une émotion profonde suivie d’insomnie, et quatre jours après d’une attaque de chorée généralisée, avec un état mélancolique bien marqué qui dura cinq mois. La difficulté d’écrire n’avait pas arrêté la