Page:Contribution à l'étude de la descendance des invertis.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même avant son mariage, si on ne l’avait pas encouragé à vaincre son instinct.

Cet homme, qui a quarante-six ans, a tous les attributs de la virilité, il est vigoureux, barbu et n’a aucune anomalie appréciable de l’intelligence ou du caractère.

L’opinion fausse que l’inversion sexuelle est une perversion de l’imagination sans base organique et qu’il faut la vaincre par la persuasion et par tous les moyens susceptibles de favoriser l’accomplissement de l’acte sexuel, a été pour cet homme une cause de maux irréparables liés à l’infirmité de ses enfants. Il dirige un établissement industriel considérable où il a fait preuve d’une grande intelligence et d’une grande puissance d’application. Il s’occupe activement de sociologie appliquée et d’œuvres de bienfaisance. Sa vie actuelle montre bien qu’il pouvait facilement vivre dans la chasteté et se contenter de satisfactions intellectuelles ; et il faut reconnaître que ce n’est pas sans raison qu’il accuse ses conseillers.

L’observation suivante présente la plus grande analogie avec la précédente ; il s’agit d’une femme, circonstance qui n’est pas sans intérêt, car l’inversion sexuelle chez la femme, n’a fait l’objet que de peu nombreuses publications. Cependant Havelock Ellis a pu en réunir un certain nombre d’exemples, et il est possible que la rareté qui paraît indiquée par la pauvreté de la littérature médicale, soit plus apparente que réelle. L’existence plus retirée de la femme se prête mieux à la dissimulation. L’association moins fréquente chez elles de la perversion sexuelle avec la criminalité commune se prête moins à la formation de groupes qui, par la variété de leur délinquence, ont chez l’homme plus de chances de frapper l’attention.

Observation II. — J’ai été consulté au mois de juin 1897 pour une jeune fille de vingt-quatre ans qui présente depuis l’époque de l’apparition des règles, à treize ans, des absences très courtes se répétant à des intervalles variables, tantôt plusieurs fois dans une journée, tantôt seulement après une suspension de plusieurs mois, et constituée par une pâleur subite avec fixité du regard, suspension de l’acte commencé, tiraillements dans la commissure labiale gauche, avec perte de connaissance durant seulement quelques secondes. Ces absences ne sont suivies d’aucune obnubilation, d’aucune fatigue, et ne paraissent pas avoir affaibli l’intelligence. À ces