Page:Contes tjames, trad. Landes, 1887.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quant au lièvre, en fuyant, il était tombé dans un puits à sec. Le tigre, irrité contre le lièvre, se mit à sa recherche, résolu à le manger quand il le trouverait. Le tigre trouva le lièvre tombé dans le puits ; il lui demanda : Que fais-tu dans ce puits ? Le lièvre, mentant, lui répondit : Tu ne sais pas ! demain matin le ciel va tomber ; c'est pourquoi je reste dans ce puits, de peur qu'il ne m'écrase. Le tigre dit au lièvre : Laisse-moi demeurer dans le puits avec toi, ô lièvre ! aie pitié de moi et fais-moi ce bien. Le lièvre répondit : Je ne ferai pas de bien. Le tigre le pria depuis le matin jusqu'à midi, alors seulement le lièvre consentit à le laisser entrer. Le lièvre dit au tigre d'aller couper un bâton et de le lui donner. Le tigre lui porta un bâton, ensuite il sauta dans le puits avec le lièvre. Le lièvre prit le bâton et en chatouilla le tigre. Si ce lièvre fait le méchant, dit le tigre, je vais l'envoyer là-haut où le ciel l'écrasera. Le lièvre répondit : Vrai ! Tu es fort, mais tu ne pourrais pas me faire sauter ainsi. Ainsi le lièvre contredit le tigre ; celui-ci contredit le lièvre et le fit sauter sur le bord du puits. Le lièvre dit : Ainsi, tigre, tu veux lutter avec moi de sagesse. Le tigre répondit : Ne te vante pas ; là-haut tu seras écrasé. Je ne te permettrai pas de descendre avec moi dans le puits. Le lièvre dit : Soit ! Si tu ne me permets pas de rester avec toi, je ne t'écouterai pas non plus (?). Je vais chercher de l'eau pour boire et je reviens.

Le lièvre alla droit à un endroit où les hommes faisaient des réjouissances et, en passant devant, il leur cria : Le tigre est tombé dans le puits, ô hommes ! allez tuer le tigre ! Les hommes laissèrent le théâtre de la fête et des gâteaux plein la salle et partirent. Le lièvre vint dans la salle et mangea tous ces gâteaux. Ensuite il prit toutes les écuelles et les tasses où l'on avait mis les gâteaux, les entassa et les recouvrit d'une natte. Il prit un mouchoir rouge que l'on avait offert au Srok et l'enroula autour de la tête ; ensuite il se mit à frapper sur un tambour.