sharanai pour en jouer. A midi, le vent se leva et agita l'arbre, les branches alors frottèrent l'une contre l'autre, et l'arbre fit entendre un son.
Le tigre entendit ce son et se dit : Véritablement le lièvre joue du sharanai. Il ne savait pas que c'étaient les branches d'arbre qui, frottées les unes contre les autres, rendaient ce son.
Le tigre demanda au lièvre ce sharanai pour en jouer. Il dit au lièvre : Frère lièvre ! donne-moi ce sharanai pour en jouer et je ne te mangerai pas. Le lièvre répondit : Si tu veux me manger, mange-moi, mais quant à ce sharanai que m'ont laissé mes ancêtres, je ne te permettrai pas d'en jouer. Le tigre dit : Non ; je ne te mangerai pas. Le lièvre dit : Soit ! puisque tu me presses si fort je te permettrai d'en jouer. Monte avec moi que je te montre comment jouer de ce sharanai. Le tigre monta sur l'arbre avec le lièvre et le lièvre lui montra comment il fallait faire.
Le lièvre dit : Si tu veux tirer de ce sharanai un son harmonieux, il faut attendre qu'il s'élève un fort vent et que les branches s'écartent, alors tu introduiras ta langue dans l'interstice. Le tigre obéit au lièvre, il attendit qu'il s'élevât un fort vent pour introduire sa langue entre les branches. Le lièvre alors fit semblant de descendre de l'arbre pour se soulager. Le vent s'éleva et agita l'arbre dont les branches s'écartèrent, et le tigre y introduisit sa langue ; mais quand le vent cessa l'arbre reprit sa position et pinça le tigre par la langue. Il eut beau faire, il ne put se dégager et ne put que se débattre en gémissant. Le lièvre s'enfuit et cria aux hommes : Ô hommes ! l'arbre a pris le tigre ! et les hommes accoururent tous pour tuer le tigre. Quand celui-ci les vit accourir, en se débattant il se cassa la langue, sauta à bas de l'arbre et s'enfuit.