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Sa femme et lui prirent la sarcelle et revinrent à la maison. Il ordonna à sa femme de la faire cuire en sauce. Sa femme fit cuire cette sarcelle et l'appela pour venir manger ce ragoût avec ses parents. Il mentit à sa femme et lui dit qu'il ne mangerait pas de ce ragoût, qu'il y en avait très peu, qu'il le laissait aux parents et qu'il n'en mangerait pas ; il dit que chez sa mère chaque jour il allait tirer les sarcelles, et les rapportait pour les faire cuire en sauce et les manger.

La femme et ses parents mangèrent toute la sarcelle, il n'en resta qu'un résidu de sauce au fond de la marmite que la femme oublia de laver. Elle prit cette marmite et la suspendit à un crochet dans la cuisine. Au milieu de la nuit Kadœk entra dans la cuisine, prit avec les doigts ce reste de sauce dans la marmite et le lécha. En la goûtant il trouva cette sauce très savoureuse. Alors il introduisit sa tête dans la marmite pour lécher la sauce. Mais la tête se trouva prise et quand il voulut la retirer il ne le put. Il fit alors semblant d'être malade et se mit à gémir.

Sa femme et ses beaux parents vinrent lui demander : Qu'as-tu pour te plaindre ainsi, ô Kadœk ! Il répondit : N'approchez pas de moi, vous me tueriez. Sa femme souleva la natte et voulut le regarder ; mais il ne la laissa pas faire. Il dit que chez sa mère il était aussi malade périodiquement (?) et qu'alors sa mère et son père n'osaient pas approcher de lui et que, s'ils approchaient, le Prok[1], seigneur de la maison, lui pinçait le bas-ventre.

  1. Il y a quelques divergences dans les renseignements qui m'ont été donnés sur ces prok ou prok patra. D'après les uns ce seraient les esprits des enfants morts avant terme, d'après d'autres les esprits d'enfants déjà pubères morts avant d'avoir été mariés. Ils se manifestent en rêve à leurs parents, leur font