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soit ; quelque chose que j’entreprenne je réussis ; je suis plus habile que n’importe qui ; je suis le plus habile du monde et nul ne m’égale ; regardez-moi, je suis très habile.

Kadœk obéissait aux instructions de sa mère, il mentait, il ne connaissait pas les lettres, il était le plus sot garçon du monde et il mentait aux parents de la fille.

La mère de la fille dit à Kadœk d’aller avec la fille chasser les sarcelles dans le paddy. La mère lui demanda : Sais-tu tirer de l’arbalète ? Kadœk répondit qu’il le savait. La mère alors lui dit : Puisqu’il en est ainsi, voici une arbalète qu’a laissée mon feu mari, veux-tu la prendre pour aller tirer les sarcelles ? Kadœk répondit : Soit ! La mère prit l’arbalète et la lui donna. Kadœk mit l’arbalète sur l’épaule et alla aux rizières. Arrivé aux rizières il vit une quarantaine de sarcelles qui mangeaient le paddy. Les sarcelles mangeaient le paddy serrées en bande dans les rizières. Kadœk tendit l’arbalète, posa la flèche et visa, mais il ne savait comment tirer et resta là une demi-journée. Ces sarcelles avaient mangé tout le paddy de la rizière. Sa femme frappa sur l’arbalète et fit partir la gâchette. L’arbalète partit, la flèche vola et alla toucher une sarcelle, il courut et la saisit. Il revint ensuite et dit des injures à sa femme. Cette fille, dit-il, est vraiment tracassière, j’allais tuer toute cette bande de sarcelles, elle a frappé la gâchette, la flèche est partie et n’a touché qu’une sarcelle. Désormais ne viens pas faire partir la gâchette de l’arbalète, et je tuerai toute la bande de sarcelles, de sorte qu’à l’avenir elles ne mangeront plus votre riz. Si je mens prends-t’en à moi. De peur que tu dises que tu ne le sais pas, je te le dis : Je suis très habile.

Kadœk parlait ainsi à sa femme. Il lui mentait, il était le plus sot garçon du monde et ne savait pas tirer de l’arbalète, mais il mentait à sa femme pour se faire vanter par elle.