Page:Contes tjames, trad. Landes, 1887.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

marierons. Vous, maintenant, retournez chez vous et dites-le à votre grand’mère et à votre grand-père[1].

La mère de Noix de Coco revint chez elle. Le roi envoya des lettres par tous les villages, par tout le pays, disant que le mercredi il marierait sa fille à un gendre, et les invitant à venir boire du vin. Le roi ordonnait à ses serviteurs et à son peuple de faire des battues et de prendre cerfs, chevreuils, lièvres, paons, toutes les espèces d’animaux de la forêt, et de les rapporter pour les manger et pour boire quand la plus jeune princesse épouserait Noix de Coco.

Le mercredi venu, de tous les villages, de tout le pays les gens vinrent féliciter le roi. Ils apportaient toutes les bêtes de la forêt, cerfs et chevreuils, lièvres et paons, toutes les espèces, et parmi les fruits des arbres de la forêt ceux que les hommes mangent et les fruits qu’on cultive dans les villages ; toutes les espèces, les gens les apportaient pour féliciter le roi. Le peuple de tous les villages, de tout le pays vint aider le roi. Les gens détruisirent l’herbe, par milliers ils abattirent les arbres de la forêt. Les hommes et les femmes, les jeunes gens et les jeunes filles plaisantaient et riaient joyeusement. C’était un spectacle incomparable et que nul n’a égalé. Ils mangèrent et burent cent jours et cent nuits.

Au bout de trois jours et de trois nuits le roi fit venir sa dernière fille et lui dit : En ces trois jours et ces trois nuits

  1. Dans les énumérations la femme passe toujours avant le mari (ce qui a lieu également dans l’annamite, hai vo chông), la mère avant le père. L’on verra dans ces contes la mère jouer toujours un rôle beaucoup plus actif que le père ; le fils ne dit jamais : la maison de mon père, mais la maison de ma mère. Le mari paraît, en effet, s’établir dans la maison de la femme comme gendre, coutume dont nous avons une image affaiblie dans le di làm re des Annamites.