Page:Contes tjames, trad. Landes, 1887.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l'écorce d'un arbre qui poussait à côté de l'abri que l'on avait construit et vint la cracher sur son petit. Le lendemain, pendant que les serpents étaient à la pâture, le berger alla voir ce qu'était devenu le petit et le trouva vivant. Alors il prit de l'écorce de cet arbre et la cracha sur un arik gang[1] qu'il mit dans une marmite pleine d'eau. L’arik gang revint à la vie et nagea dans la marmite.

Peu de temps après, le maître et ses compagnons revinrent de la forêt et chargèrent sur les chariots le bois qu'ils avaient coupé. Le berger écorça l'arbre merveilleux dont l'écorce avait servi à ressusciter le serpent et mit cette écorce sur une charrette pour la rapporter à la maison.

En chemin le berger entendit dire qu'une jolie fille était morte. Depuis quand, demanda-t-il. Il y a un mois, lui répondit-on. Le berger, laissant son maître continuer sa route, se fit mener à l'endroit où était la morte. Quand il fut arrivé à la salle où avait lieu la réunion funéraire il demanda : Ces gens-là n'avaient-ils que cette fille pour se désoler ainsi ? On lui répondit qu'ils n'avaient que cette enfant. Voulez-vous que je la ressuscite, leur demanda-t-il ? Les parents répondirent : Neveu, si tu peux la ressusciter, ressuscite-la, nous ne savons plus que faire.

Le berger leur dit de faire sortir tous les assistants et de le laisser seul pour ressusciter leur fille. Les parents firent sortir tout le monde et tirèrent un rideau devant la porte de la salle. Le berger prit l'écorce qu'il avait vu employer par le serpent et la cracha sur la morte ; la première fois elle remua les pieds et les mains, la seconde fois elle ouvrit les yeux et gémit, la troisième fois elle se leva et demanda à boire. On lui donna une écuelle d'eau, deux écuelles sans qu'elle fut désaltérée, sa soif ne fut apaisée qu'après qu'elle en eût bu une jarre.

  1. Espèce de poisson de mer. Ici il s'agit évidemment d'un poisson sec.