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Sa mère essaya de le détourner de son dessein, mais il ne l'écouta pas et partit. Sur sa route il rencontra des ratong dao amoncelés dans une mare dont l'eau s'était desséchée presque toute. L'homme dit : Vous êtes comme moi. Aujourd'hui, vous avez encore de l'eau, mais demain la mare sera desséchée et vous périrez tous comme moi. Moi je n'ai plus que vingt-neuf jours, mais je vais vous sauver. Il mit les ratong dao dans un pan de son habit, chercha la rivière et les y jeta.

En allant plus loin il vit un nid de fourmis emporté par les eaux. Il entra dans l'eau et rapporta le nid à terre. Il dit aux fourmis : Vous ne périrez pas. Vous êtes je ne sais combien de milliers, mais si vous aviez été portées jusqu'à la mer, les flots vous auraient ballottées et vous auriez toutes péri. Aujourd'hui je vous ai sauvées. Mon sort était comme le vôtre, c'est pourquoi je vous ai fait du bien. Il prit le nid de fourmis et le déposa dans les grands arbres.

Il arriva à un village et demanda aux gens ? Ici y a-t-il un gourou ? Les gens dirent : Il y en a. Si vous le connaissez, dit l'homme, montrez-moi où il demeure, je veux aller étudier. Les gens lui montrèrent la maison du gourou, il y alla et demeura à étudier. Il ne dit rien de son affaire et la garda pour lui.

Quand il fut près du terme il dit au maître : Maître, allez demander pour moi une femme ? Le maître lui dit : Quelle femme as-tu vue, que tu veuilles demander[1] ?.... Le maître lui dit : Tu ne connais pas cette femme. Tous ceux qui, le soir, sont allées pour l'épouser, le matin sont morts. Il en est mort ainsi quatre-vingt-dix-neuf. En l'épousant tu cours à ta perte. Peu importe, répondit l'autre, allez la demander pour moi.

  1. Il y a dans le texte une lacune facile à suppléer.