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CONTES SECRETS RUSSES

mari en lui disant ; « Eh bien ! à présent, cours au plus vite dégager ton ancien υιτ : que d’autres n’en profitent pas ! »

Le jeune homme prit l’argent et partit tout soucieux. « Que vais-je devenir maintenant ? » se demandait-il ; « comment procurer à ma femme un pareil υιτ ? Je vais marcher tant que terre me portera. » Il marchait depuis un temps plus ou moins long quand il rencontra une vieille femme. « Bonjour, grand’mère ! — Bonjour, brave homme ! Où vas-tu comme cela ? — Ah ! grand’mère, si tu savais combien je suis malheureux ! Je ne sais où aller ! — Dis-moi ton malheur, mon cher, je pourrai peut-être y remédier. — Je n’oserais pas le dire ! — N’aie pas peur, ne sois pas honteux, et parle hardiment ! — Eh bien ! grand’mère, voici le fait : je me suis vanté d’avoir un υιτ descendant jusqu’au genou ; la fille d’un marchand a entendu ces paroles et m’a épousé ; mais dès la première nuit qu’elle a passée avec moi, elle s’est aperçue que mon υιτ n’était pas long comme le doigt. Alors elle s’est fâchée : « Qu’as-tu fait de ton grand υιτ ? » m’a-t-elle demandé. Je lui ai répondu que je l’avais engagé pour cinquante roubles. Là-dessus, elle m’a remis cette somme en me disant d’aller le dégager ou, sinon, de ne plus remettre le pied à la maison. Je ne sais pas ce que je vais devenir ! — Donne-moi ton argent, » reprit la vieille, « et je viendrai en aide à ton malheur. » Le paysan lui compta aussitôt les