XXVI
LE PAYSAN ET LE DIABLE
n paysan avait semé des navets. Quand il jugea
venu le moment de les arracher, il se rendit
dans son champ, mais les navets n’étaient pas encore
levés. « Que le diable vous emporte ! » s’écria
dans sa colère le moujik, et il retourna chez lui.
Un mois après, sa femme lui dit : « Va donc voir
s’il s’est pas temps de tirer les navets. » Le paysan
alla de nouveau visiter son terrain, qu’il trouva
cette fois couvert de navets superbes ; mais, au
moment où il se disposait à les arracher, un petit
vieillard s’élança tout à coup vers lui en criant :
« Pourquoi voles-tu mes navets ? — Comment, tes
navets ? — Mais sans doute ! Est-ce que tu ne
me les as pas donnés avant qu’ils fussent levés ?
J’en ai eu soin, je les ai arrosés. — Et moi je
les ai semés. — Soit, » reprit le diable, « tu les
as semés, je ne dis pas le contraire, mais c’est
moi qui les ai arrosés. Tiens, voici ce que nous
allons faire : rendons-nous ici, toi et moi, chacun
en tel équipage qu’ils nous plaira. Si tu devines
quelle est ma monture, les navets seront à toi, et
ils m’appartiendront si je reconnais sur quoi tu es
monté. » Le moujik accepta cet arrangement.
Le lendemain, il prit sa femme avec lui ; quand