entrelacées. Le lendemain, le paysan vint voir les jeunes cochons, il les compta et s’aperçut qu’il en manquait un. Le surlendemain il constata encore la disparition d’un marcassin. Qui les vole ? Le vieillard alla passer la nuit dans l’étable, où il se mit en observation. Du bois arriva précipitamment un loup qui, s’étant rendu droit à l’étable, tourna le dos à la porte, introduisit sa queue dans une ouverture et commença à la frotter contre le sol de l’étable. Attirés par le bruit, les petits cochons quittèrent leur mère et s’approchèrent de la porte pour flairer la queue du loup. Aussitôt celui-ci fit volte-face, fourra sa gueule dans le trou d’où il venait de retirer sa queue, et, saisissant un des jeunes cochons, l’emporta dans le bois.
Le soir suivant, le paysan revint à l’étable et s’assit tout près de la porte. Quand l’obscurité fut devenue épaisse, le loup accourut de nouveau et se livra au même manège que précédemment ; mais, dès qu’il eut introduit sa queue dans l’étable, le paysan la saisit des deux mains et, se tenant solidement appuyé contre la porte, se mit à crier de toutes ses forces : « Tu ! Tu ! Tu ! » Le loup fit des efforts désespérés pour se dégager, il se démena avec violence, tant qu’à la fin sa queue se détacha. L’animal s’enfuit, mais il perdait beaucoup de sang ; après avoir fait vingt pas, il cessa de courir, s’affaissa sur le sol et expira. Le paysan l’écorcha et vendit sa peau.