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CONTES SECRETS RUSSES

gnant de croire que la maison brûle, elle court chercher de l’eau et éteint ce qui restait de feu. — « Pourquoi donc lambines-tu ainsi ? — C’est qu’il n’y a pas de feu ici. — Eh bien ! va vite en demander chez le voisin ! — Comment sortir à présent ? Il fait nuit, les loups rôdent dans le village ! — Que le diable t’emporte ! J’irai moi-même chercher du feu ; tiens le voleur et fais attention à ce qu’il ne s’échappe pas ! » L’oncle chercha une lanterne, ouvrit la grande porte, se rendit chez le voisin, le réveilla, lui apprit ce qui était arrivé et lui demanda du feu ; pendant ce temps, la tante resta dans l’izba avec le neveu. « Allons, » dit-elle, « maintenant fais de moi ce que tu veux ». Il la mit sur le lit et la besogna à deux reprises ; après quoi il s’esquiva.

Le jeune homme parti, la tante songea : « Que répondre à mon mari quand il me reprochera d’avoir laissé le voleur s’échapper ? » Heureusement pour elle, une vache avait mis bas peu de temps auparavant et son veau était attaché au lit des époux. La rusée commère saisit la langue du veau et la tint serrée dans sa main. Lorsque le mari revint avec de la lumière, il demanda : « Femme, qu’est-ce que tu tiens là ? — Je tiens ce que tu m’as mis dans la main. » Le paysan entra dans une violente colère, prit son couteau et trancha la tête du pauvre animal. « Qu’est-ce que tu fais ? » lui cria sa femme, « as-tu perdu l’esprit ou es-tu devenu enragé ? » Il ôta son caleçon et lui montra