Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
CONTES SECRETS RUSSES

plus sans malice. — Allons, c’est bien, viens cette nuit sous notre fenêtre. » Enchanté, le gars attendit la nuit avec impatience et, quand elle fut arrivée, il se rendit dans la cour de son oncle ; mais cette cour était jonchée de chénevotte qui craquait sous les pas du jeune homme, tandis qu’il se dirigeait vers la fenêtre. « Regarde un peu, vieux, » dit la tante à son mari, « quelqu’un se promène autour de l’izba : n’est-ce pas un voleur ? » L’oncle ouvrit la fenêtre et demanda : « Qui est-ce qui rôde ici la nuit ? — C’est moi, mon oncle, » répondit le neveu. — « Quel diable t’a amené ici ? — Mais quoi, mon oncle ! Je viens d’avoir une discussion avec mon père : il prétend qu’il y a neuf rangées de poutres à ton izba, et je lui soutiens qu’il y en a dix. Voilà, je suis venu les compter. — Est-ce que le vieux diable a perdu la raison ? » dit l’oncle : « il a lui-même travaillé avec moi à la construction de ma maison, il doit bien savoir qu’elle compte dix rangées de poutres. — En effet, mon oncle, en effet ; je vais aller cracher au visage de mon père. »

Le lendemain, le gars dit à sa tante : « Eh bien, ma tante ! Ainsi il n’y a moyen de rien faire avec toi ! — Que tu es bête ! Quand ton oncle cause avec toi, comment puis-je aller te trouver ? Mais tu connais l’endroit où nous rentrons nos brebis, vas-y cette nuit et certainement tu m’y verras ! » La nuit venue, le gars ne manqua pas d’aller au rendez-vous qu’on lui avait donné, il se blottit dans