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CONTES SECRETS RUSSES

fut venu le moment de se coucher, elle prit place sur le poêle et le soldat monta dans la soupente. « Donne-moi une bûche, batouchka, » dit-il au pope. — Qu’est-ce que tu en feras, cavalier ? — C’est que la nuit, sans doute, les loups viennent chez vous. » Le pope se mit à rire, lui donna une bûche et dit à sa fille : « Vois-tu, on prétend qu’à Piter il n’y a pas d’imbéciles : eh bien ! ce soldat n’en est-il pas un, lui qui croit que les loups entrent comme ça dans une izba ? »

À minuit arriva l’amant de la jeune fille ; il s’approcha du poêle sur lequel elle était couchée et voulut faire l’amour avec elle, mais elle n’y consentit pas : « Apporte-moi un collier de cheval, » dit-elle, « le tsar vient d’instituer pour cela une nouvelle tenue, un soldat l’a dit aujourd’hui à mon père. — Et où trouverai-je un collier de cheval ? — Il y en a un pendu à un clou dans le vestibule. » L’amant courut chercher l’objet demandé, il passa le collier aux jambes de son amie, les lui releva en l’air le plus raide qu’il put, puis lui engagea la tête dans le collier. À peine avait-il commencé à βαισερ que le soldat sauta en bas de sa soupente, appliqua un violent coup de bûche sur le κυλ de l’amant et se mit à crier de toutes ses forces : « Batouchka, les loups ! » Le galant décampa sans finir son affaire, le pope et sa femme s’élancèrent vers le poêle, pour voir si, en effet, des loups n’étaient pas en train de dévorer leur fille ; le père l’empoigna par le κον, la mère par