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CONTES SECRETS RUSSES

jeune homme, le traîna sous l’escalier et se mit au lit. Comme elle ne pouvait dormir seule, elle appela son mari auprès d’elle, mais le vieillard répondit : « Je me trouve bien ici. » Au bout d’un certain temps, il commença à crier comme en songe : « Femme, lève-toi, Térékha Gladkoï est étendu mort sous notre escalier ! — Tu as vu cela en rêve, vieux ! » répliqua-t-elle. Le mari descendit du poêle, il poussa hors de la maison le corps de Térékha Gladkoï et le traîna jusqu’à la demeure d’un riche moujik. Devant la porte se trouvait un tonneau de miel ; le vieillard plaça le cadavre tout contre et lui mit dans les mains une petite pelle : disposé de la sorte, Térékha avait l’air de puiser du miel dans le tonneau. Le moujik, l’ayant aperçu, le prit pour un voleur, s’élança vers lui et lui asséna sur la tête un coup qui le renversa à terre. Le vieillard se tenait caché dans un coin ; il accourut aussitôt et saisit au collet le moujik : « Pourquoi as-tu tué ce jeune homme ? — Je te donnerai cent roubles, seulement ne parle de cela à personne ! » répondit le moujik. — « Donne-m’en cinq cents, ou je te livre à la justice ! » Le moujik donna les cinq cents roubles. Le vieillard prit le mort et le traîna au presbytère, il fit sortir un cheval de l’écurie du pope, mit Térékha sur le dos de l’animal, lui attacha les rênes aux mains, et lâcha le cheval dans les dépendances de l’église. Le pope sort précipitamment, invective Térékha et veut l’arrêter ; le cheval rentre au galop dans son écurie où le ca-