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CONTES SECRETS RUSSES

« Eh bien ! femme, j’ai vendu le Tsigane cent roubles ; à présent il reste encore à vendre la soutane du pope, et nous aurons fait une affaire excellente ! » Il revêtit la soutane, prit la canne du batouchka et se rendit de grand matin au presbytère. Le pope, en apercevant le forgeron, se dit : « Mauvaise affaire, si mes paroissiens viennent à apprendre mon aventure ! » Et il se mit à supplier le visiteur : « Je t’en prie, mon cher, ne fais pas rire à mes dépens ! — Qu’est-ce que tu me donneras ? Veux-tu racheter ces objets pour cent roubles ? — Ce n’est pas cent roubles que je t’offre, mais cent cinquante. » Contre remise de cette somme, le forgeron rendit au pope sa soutane et sa canne. Il retourna chez lui, et les deux époux vécurent dès lors un peu plus à l’aise[1].

  1. Variante. — Au lieu d’un forgeron, c’est quelquefois un peintre qui figure dans ce récit. Un Tsigane était allé voir secrètement la femme d’un peintre, lorsque ce dernier revint chez lui. Le visiteur chercha où se cacher. « Mets-toi tout nu, » lui dit l’artificieuse créature, « je te placerai dans l’atelier ou sont les icones. » Le mari entra et demanda : « Est-ce que les ouvriers ont bien travaillé ? — Va toi-même à l’atelier, tu le verras. » Le mari y alla avec sa femme. Le Tsigane était debout contre le mur, les bras étendus comme un Christ crucifié. Le peintre le regarda : « Qu’ont-ils fait là ? » observa-t-il ; « on dirait que c’est Saint Joannice, seulement il a un bien grand υιτ, il y a pour croire que c’est Saint Athanase, seulement il n’a pas le υιτ attaché comme nous ! Ça a l’air d’être Saint Onésime, mais son υιτ descend bien bas ! » Il prit une bougie et en approcha la flamme des parties génitales du Tsigane. Celui-ci ne fit qu’un saut