Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
CONTES SECRETS RUSSES

acheté un icone. » Quittant aussitôt soutane, chausses, bottes et chemise, le pope se plaça à l’endroit indiqué, dans l’attitude d’un icone, la barbe et les cheveux épars. — « Et moi, où vais-je me mettre ? » demanda le marguillier. — « Et moi ? » fit le Tsigane. — « Vous, mes amis, déshabillez-vous, complètement. Toi, » dit-elle au marguillier, « je vais t’attacher par une corde au croc et je dirai à mon mari que j’ai acheté une grande buie. Quant à toi, Tsigane, tiens, mets-toi dans ce cuveau où il y a du marc de kvass, reste là bien tranquille, il ne te verra même pas. » Ils se mirent tout nus, la maîtresse de la maison attacha le marguillier au croc avec une corde, et le Tsigane se fourra dans le cuveau. Ensuite la kouznetchikha ouvrit la porte à son mari. Il entra en maugréant et cria : « Femme, donne-moi à souper ! » Puis il promena ses regards autour de lui et aperçut le pope debout dans le coin. « Ah ! qu’est-ce que c’est que ce diable-là ? — Que le Seigneur t’assiste ! Comment, un diable ? C’est un icone. — Et combien as-tu payé pour en avoir un si grand ? — Tu le sauras demain ; à présent couche-toi. » Le forgeron alluma une chandelle et s’approcha du pope dont il empoigna le membre viril. « Et cela, qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il à sa femme. — C’est pour mettre la chandelle. — Eh bien ! je vais l’y mettre. » Il prit la chandelle et la posa sur cette partie de la personne du pope, mais elle roula par terre. « Quand ce chandelier aura été